Soulignant, à juste titre, que la crise du Covid est loin d'être terminée, Jean Paillard, directeur de la rédaction du « Quotidien du médecin », interpelle les conseillers santé sur les mesures que leurs candidats prendront, une fois élus. Question subsidiaire adressée à ces médecins, particulièrement exposés dans leur discipline respective, quelles leçons tirent-ils de l'une des pires pandémies qu'ait connues la France ?
Pour Patrick Barriot, dont la candidate Marine Le Pen a promis qu'elle aurait une gestion de crise totalement différente, il est urgent de pallier le défaut de complémentarité entre le public et le privé. La crise sanitaire a levé le voile sur cette carence qui a provoqué manque de lits et effectifs insuffisants en personnel soignant. « Si le privé avait été mis dans le jeu, nous aurions pu éviter des milliers de déprogrammations de soins et d'interventions, des défauts dans le suivi des patients chroniques ou dans le dépistage du cancer. Tout ce qui fait que l'hôpital public n'a pu jouer son rôle du fait de ses faiblesses ». Deuxième point noir dénoncé par le Rassemblement national, citant un rapport de la Cour des comptes de février 2022, le manque d'anticipation et de priorisation qui a aussi pénalisé la lutte contre les maladies infectieuses et les maladies émergentes. « Alors que nous n'avons pas assez de capacités de séquençage, Marine Le Pen souhaite renforcer les instituts hospitalo-universitaires qui associent à la fois la Recherche et l'enseignement à l'instar de l’institut hospitalo-universitaire en maladies infectieuses de Marseille (IHU Méditerranée Infection) qui était, grâce à sa plateforme de séquençage à la pointe de la découverte de nouveaux virus. »
En matière de Recherche, comme dans la gestion des lits, Emmanuel Macron n'a pas su prendre les bonnes décisions, conclut Patrick Barriot, concédant que les présidents précédents ne s'y étaient pas pris autrement. « Mais ils n'ont pas été confrontés à cette crise majeure », lance-t-il ajoutant qu'il va falloir désormais rattraper le retard en matière de dépistage du cancer, reprogrammer les interventions, et faire face à une « crise sanitaire mentale ».
Des accusations que François Braun réfute bien évidemment au nom du candidat Macron. Selon lui, la crise a, au contraire, démontré la solidité du système de santé dans son ensemble et la mobilisation exemplaire des professionnels de santé, hospitaliers comme libéraux. Il ne nie pas l'épuisement des soignants, ni la crise de sens que peuvent connaître certains. Il rappelle cependant que le système de santé a fait face, qu'une organisation exceptionnelle à l'échelle des groupements hospitaliers de territoire (GHT) a permis des transferts de patients entre régions et depuis les DROM COM, et que l'État a pris en charge les frais liés à la vaccination et au dépistage.
Cette gestion de la pandémie n'est d'ailleurs pas finie. Car, il va falloir apprendre à vivre avec le Covid, et réfléchir à la prochaine pandémie. D'où la nécessité, insiste-t-il, d'appréhender soins, dépistage, suivi et prévention sous le concept global de One Health (Une santé), en intégrant la santé environnementale. Pour cela, annonce-t-il, il faut abandonner l'approche centrée sur l'offre de soins – et donc concurrentielle — pour répondre aux besoins en santé des citoyens. Il s'agit, en résumé du programme santé du candidat Macron pour les années à venir.
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