Anticiper est le maître mot et en même temps le casse-tête auquel est confronté le gouvernement à la perspective de la campagne vaccinale au cœur des congés d’été. D’où une communication du gouvernement hésitant entre chaudes recommandations du Premier ministre à se faire vacciner sur son lieu de villégiature et injonctions du ministère de la Santé à adapter ses vacances en fonction de la date du rappel vaccinal.
Si l’on en croit l'avenue de Ségur, la deuxième dose devra être absolument administrée dans le centre de vaccination où la première injection a été effectuée. Sauf exception. Toute la nuance est dans ce terme alors qu’une représentante du ministère de la Santé a appelé les Français à respecter cette contrainte afin de ne pas désorganiser le système : « prendre sa deuxième dose dans un autre endroit où l’on va passer ses vacances ne doit se faire qu’en cas impératif ». Elle a convenu qu'il était « très difficile de réussir d'anticiper le nombre de doses supplémentaires à envoyer dans un département donné ».
Ce volet de la seconde injection est bel et bien l’épine dans le pied des pouvoirs politiques alors que dix millions de Français devraient recevoir leur première dose entre fin mai et fin juin. Un simple coup d’œil au calendrier confirme que le rappel devra s’effectuer à partir du 5 juillet pour les personnes qui auront reçu le Moderna dès le 28 mai (délai de 42 jours), dès le 14 juillet pour celles qui auront eu le Pfizer début juin (délai identique) et dans la première quinzaine d’août pour les plus de 55 ans qui auront bénéficié de l’AstraZeneca en ville début mai (délai de 12 semaines).
Y aura-t-il assez de vaccinateurs ?
Ces vagues attendues coïncident tout autant avec l’élargissement à la population générale depuis le 12 mai qu’à la montée en charge des livraisons de vaccins intervenues depuis le début mai. Reste donc à mettre les livraisons en adéquation avec la mobilité des Français. Pour les premières doses, la problématique devrait être moindre puisque des opérations sont envisagées en concertation avec les ARS dans les zones touristiques, à l’instar de ce qui s’est fait en Bretagne et dans le Var au cours du pont de l’Ascension. Restera à trouver les vaccinateurs pour intervenir dans ces centres alors même que les volontaires prendront eux aussi leurs congés d'été.
Pour l’heure, le circuit de ville n’a pas été appelé à la rescousse par les pouvoirs publics pour vacciner les estivants. Tout juste le ministère s’est-il contenté de rappeler que si les livraisons de vaccin Moderna sont exclusivement réservées aux pharmacies et aux cabinets médicaux à partir du 24 mai pour les primo injections, les Français ayant reçu leur première dose en centre devront y retourner pour la seconde (voir page 2).
Pour autant, s’il veut maintenir son objectif de vacciner tous les Français qui le souhaitent d’ici à la fin de l’été, le gouvernement pourra-t-il faire l’impasse sur les acteurs de ville ? Ne serait-ce que pour une raison logistique. Car personne n’est mieux informé sur les fluctuations de fréquentation des officines et des cabinets médicaux en période estivale que ces professionnels de santé eux-mêmes.
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