Sa reconnaissance est tout sauf symbolique et il y a aujourd'hui urgence à publier les textes d’application du pharmacien correspondant. L’absence de ce statut s’est en effet faite cruellement ressentir au cœur de la crise, alors que le pharmacien aurait pu « adapter le traitement d’un patient en ajustant les posologies des médicaments prescrits », déplore la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Toutefois, relève l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) qui réclame la mise en œuvre de ce statut émis, il y a neuf ans, dans la loi HPST, « le recours au pharmacien correspondant ne doit pas être conditionné à la présence d’une maison de santé pluridisciplinaire (MSP) ou d’une équipe de soins primaires (ESP) sur le territoire ». Car si ces deux structures sont le « Graal », tous les patients doivent pouvoir avoir accès à un pharmacien correspondant s’ils le souhaitent, estime l’USPO. Mieux même, le patient peut être à l’initiative de son entrée dans un protocole de soin s’il estime que sa pathologie le nécessite.
Un pharmacien correspondant tous azimuts
La FSPF propose que le pharmacien correspondant voie sa mission élargie à la dispensation protocolisée via des protocoles spécifiques de la Haute Autorité de santé (HAS). La prise en charge des soins de premiers recours doit dépasser le cadre expérimental, insiste l’USPO en référence à la désertification médicale mais aussi à l’engorgement des urgences. Elle doit être élargie par là même à l’ensemble du territoire pour certaines pathologies (soins dentaires, cystite…). Gilles Bonnefond, président de l’USPO, s’appuie sur plusieurs exemples internationaux, dont le Canada où une ordonnance collective type est même déclenchée en cas d’épidémie de gastro-entérite permettant aux patients d’être pris en charge par leur pharmacien sans passer par la case « médecin ».
De même, le statut de pharmacien correspondant doit permettre aux officinaux de s’imposer au sein des EHPAD. Mais encore faudrait-il, soulignent les deux syndicats, que les textes d’application et les « bonnes pratiques » de la préparation des doses à administrer (PDA) soient rapidement publiés. Il en est de même pour le statut de pharmacien référent, deuxième casquette de l’officinal en EHPAD, qui doit encore être fixé par des textes sur les conventions type entre l’officine et l’EHPAD.
Acteurs de la prévention et du dépistage
La crise sanitaire a également contribué au boom du numérique en santé. Il s’agit désormais d’ancrer cette avancée de la télémédecine dans les pratiques officinales. Que ce soit par le télésoin désormais reconnu pour les bilans partagés de médication (BPM), les entretiens pharmaceutiques (AVK, AOD, asthme) et demain la chimiothérapie orale. Ou encore, comme le suggère la FSPF, par la création d’un « hub » des solutions de télémédecine permettant d’équiper les services d’urgence et les officines de garde dans le cadre de la permanence des soins. Parallèlement à ces outils numériques, le DMP doit se généraliser en tant que « bibliothèque » du patient, tout comme le DP qui comprendra les vaccinations et la médication officinale, émet de son côté l’USPO.
Le pharmacien d’officine a également son rôle à jouer en amont, dans la prévention et le dépistage. Le succès de la vaccination antigrippale à l’officine doit inciter les pouvoirs publics à autoriser les pharmaciens à vacciner tous les adultes contre la grippe. Au-delà de cet élargissement de la population cible, les officines doivent être habilitées à effectuer les rappels dans le cadre du calendrier vaccinal. Toujours dans le domaine de la prévention, les deux syndicats s’accordent pour revendiquer la prise en charge des substituts nicotiniques prescrits par le pharmacien, l'un des rares professionnels de santé à ne pouvoir initier ce traitement. La FSPF propose également d’inscrire les préservatifs masculins à la liste des produits et prestations remboursables (LPPR).
Côté dépistage, alors même que les pharmaciens viennent d’obtenir l’autorisation de réaliser des TROD Covid, les syndicats revendiquent l’extension des TROD dès lors qu’ils présentent un bénéfice sur le plan de la santé publique. Afin d’éviter à l’avenir l’attente et les négociations fastidieuses pour les autoriser à l’officine, l’USPO demande que les TROD réalisés par le pharmacien soient régis par une liste négative. En un mot, les pharmaciens doivent être habilités à les réaliser « tous sauf exception ».
Enfin, les deux syndicats reviennent sur le rétablissement du droit à la substitution des médicaments biosimilaires, supprimé par la LFSS de 2020, et se font les porte-parole de toute la profession, groupements compris.
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