Le Quotidien du Pharmacien.- Quelle place réserver aux pharmaciens dans cette nouvelle phase de la campagne de vaccination ?
Dr Jean-Jacques Zambrowski.- Il me paraît logique que les personnes ayant des difficultés de mobilité puissent être vaccinées à domicile par leur pharmacien. La technique est la même que pour le vaccin antigrippal. De plus, les effets indésirables ne sont pas plus fréquents que pour tout autre vaccin. Nous avons la chance de disposer du recul de la vaccination sur 4, 5, voire 6 millions de personnes de par le monde.
Par ailleurs, le pharmacien peut jouer un rôle de logisticien pour approvisionner médecins et infirmiers. Car l’erreur serait de jouer une concurrence de mauvais aloi entre professionnels de santé. Le public a besoin d’être réassuré et à chaque fois qu’il y a une discordance entre professionnels, ou entre la ville et l’hôpital, on perpétue l’inquiétude et la réticence. Or, à l’heure où la vaccination est la seule issue possible à la crise sanitaire, l’interprofessionnalité basée sur le dialogue et la proximité s’impose.
Quel scénario privilégiez-vous dans la logistique de ces produits ?
Il n’y a pas de doute à avoir, les choix logistiques faits par la France apparaissent raisonnables, tout comme celui de prioriser les résidents en institution, les personnes âgées à domicile et parallèlement les professionnels de santé. Par conséquent, le retard à l’allumage qu’on a pu observer au cours des huit ou dix premiers jours sera à mon avis oublié à l’été. Nous avons les capacités de porter les vaccins aux patients en temps voulu. Cela ne sert à rien de faire fonctionner des machines vides ou d’installer, comme nos voisins allemands, d’énormes vaccinodromes. Ce sont des lieux de propagation du virus. Nous devons au contraire nous adapter aux données locales, sachant que toutes les régions n’ont pas les mêmes spécificités géographiques, et privilégier une logistique de proximité. Les répartiteurs pharmaceutiques sont tout à fait à même de remplir cette mission d’acheminement. Il suffit donc d’injecter dans le dispositif suffisamment de dialogue et de mettre autour d’une table préfets de région et de département, ARS et URPS pour absorber la tâche. Il n’y a pas de logistique qui ne puisse être résolue.
L'État a pourtant fait appel à quatre cabinets conseil internationaux* pour l’accompagner dans la logistique des vaccins. Ce recours vous choque-t-il ?
Il existe des structures françaises plus petites, moins onéreuses, fort compétentes quoique moins connues. Le problème était de pallier le déficit chronique d’harmonisation, de simplification et de rationalisation dont nous souffrons. Nous disposons d’un certain nombre de commissions, de directions, de structures détenant des ressources et des compétences, mais qui n’ont pas l’habitude de travailler ensemble. Ce qui nous manquait était un chef d’orchestre pour bâtir un plan à l’unisson avec cette multitude de solistes. Le rôle de ces cabinets de conseil est de livrer au gouvernement un plan de bataille objectif, dénué de toute idéologie.
*Mc Kinsey, Accenture, Citwell et JLL.
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