Le Quotidien du pharmacien. - Quels vont être les dossiers prioritaires de l'ANEPF dans les semaines à venir ?
Numan Bahroun.- Notre priorité sera d'organiser la deuxième vague d'aides ponctuelles d'urgence pour les étudiants qui en ont besoin. Ce n'est malheureusement pas un phénomène nouveau, on voit depuis longtemps des étudiants en pharmacie qui sont en situation de précarité, qui ne peuvent s'acheter à manger comme ils le voudraient et qui sont parfois contraints de renoncer aux soins alors que ce sont de futurs professionnels de santé. L'an dernier, 431 étudiants ont reçu ces aides ponctuelles qui sont gérées par le fonds de dotation de l'ANEPF et financées par l'Ordre et par d'autres mécènes et contributeurs. La crise sanitaire a durement affecté certains étudiants et a exacerbé leurs difficultés financières. Elle a notamment plongé certains d'entre nous dans une situation d'isolement social. Nous serons donc très attentifs à la question du bien-être des étudiants en pharmacie cette année encore.
Nous allons aussi accompagner les étudiants qui ont été embauchés par des boîtes peu scrupuleuses pour faire des tests Covid. Certains n'ont toujours pas été payés aujourd'hui, d'autres ont travaillé en dehors de tout cadre réglementaire, souvent avec un statut d'autoentrepreneur qui n'est pas sécurisant pour eux. C'est une situation que l'on dénonce depuis des mois, nous essayons de recenser tous les problèmes et nous allons continuer à appeler les étudiants à se montrer vigilants sur ce sujet. Nous avons également appris que la vaccination contre le Covid serait obligatoire pour tous les étudiants en santé à partir du 15 octobre, y compris pour la formation théorique. Les non encore vaccinés pourront voir leur inscription retardée. Plus de 95 % des étudiants en pharmacie ont reçu au moins une dose. Le nombre de réfractaires est extrêmement faible mais nous veillerons à identifier les besoins de ceux qui ne sont pas vaccinés pour les accompagner au mieux.
La crise sanitaire a mis en valeur le rôle du pharmacien, est-ce que cela a déjà des conséquences positives sur l'attractivité de la filière pharmacie ?
Malheureusement, nous avons constaté que la filière officine a été un peu moins sollicitée. Pour la rentrée 2021, on compte environ une centaine d'étudiants inscrits en moins sur toute la France par rapport à 2020. L'objectif, dans les mois qui viennent, c'est donc de communiquer sur les métiers de la pharmacie, notamment auprès du grand public et sur Parcoursup, en s'appuyant en partie sur la campagne qu'avait lancée l'Ordre des pharmaciens l'an dernier. Il y a encore beaucoup de personnes qui ont une vision archaïque du métier d'officinal, notamment chez de nombreux jeunes. Il est donc important de mener un travail de vulgarisation du métier et de faire connaître les nouvelles missions.
La réforme du 3e cycle pour les études de pharmacie semble au point mort, où en est-on aujourd'hui ?
Nous attendons en effet des avancées sur la question de la réforme du 3e cycle, qui traîne depuis bientôt dix ans. Un rapport doit être remis par les doyens à ce sujet d'ici à la fin septembre, on espère sincèrement que cela pourra aboutir avant l'élection présidentielle, sinon nous redoutons que cette réforme ne s'applique jamais. Il est grand temps que la 6e année soit adaptée aux nouvelles missions du pharmacien, ce qui n'est pas du tout le cas aujourd'hui.
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