Tandis que le réseau officinal souffre déjà un manque de 10 000 à 15 000 professionnels, la situation pourrait bien encore s'aggraver dans les années à venir. Telle est la triste prédiction qu'inspire le faible nombre d'étudiants inscrits en cette rentrée septembre dans les facs. « Les facultés de pharmacie ne sont pour la plupart remplies qu'aux 2/3 », s'inquiète ainsi Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Un constat qui fait s'interroger sur l'effet délétère de la réforme des études de santé et le remplacement de l'ancien numerus clausus par un numerus apertus. Interpellant Agnès Firmin-Le Bodo, ministre déléguée chargée de l'organisation territoriale et des professions de santé, le président de la FSPF a ainsi tenu à exprimer ses craintes quant à un système qui, selon lui, fait perdre toute visibilité aux facultés et ne sera pas sans conséquence sur la démographie professionnelle dans 4 à 5 ans.
La faute à la réforme ou aux salaires trop bas ?
Sur le site du « Quotidien », cette rentrée au goût amer ne laisse pas indifférent. Pour Sylvie-Anne, « la pénurie de pharmaciens n'est pas due à une pénurie de candidats mais à la réforme des études de santé qui déclasse les meilleurs profils pour les moins bons et qui a remplacé la PACES par un parcours du combattant où tout n'est que subjectivité ». Même tonalité chez Nicolas, qui relativise : « Revoir les études et les stages, pourquoi pas. Mais ne pas tout axer sur les nouvelles missions avant d'avoir assuré la base. »
Balayant l'argument de la formation, Élisabeth pointe plutôt la question de la rémunération : « La profession doit lâcher du lest sur les salaires si elle veut recruter des pharmaciens adjoints. Si les salaires remontent (beaucoup) et durablement, la profession attirera. » « Quand on se retrouve en fin de carrière, avec de solides connaissances, moins payé qu'un éboueur (si, si !) cela donne à réfléchir », confirme Philippe. Augmenter l'attractivité du métier par les salaires, pourquoi pas, mais la question des moyens en agace certains. « Il y a certes eu une embellie des bilans suite à la crise Covid mais il y aura aussi un retour de bâton probable et des moyens financiers contraints. Donc revaloriser, pourquoi pas, en regard de vraies compétences et d'un engagement », module Nicolas.
« À force d'être la variable d'ajustement, en cas de problème de trésorerie, de la Sécurité sociale, l'État a créé une désaffection de la profession et pour moi cela n'est pas fini ! », dit enfin Philippe avec une pointe de découragement. Du découragement, les étudiants en pharmacie n'en veulent pas. « Parmi (les) priorités (de mon nouveau mandat), il y aura aussi la promotion des études de pharmacie. Encore cette année, des places sont restées vacantes en pharmacie, il reste un gros travail à mener pour renforcer l'attractivité du métier auprès des étudiants », déclarait ainsi récemment le nouveau président de l'Association nationale des étudiants en pharmacie de France, Maxime Delannoy.
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