COMMENT prévenir le risque iatrogène médicamenteux chez le sujet âgé ? En limitant la polymédication qui, elle-même, est liée aux polypathologies. Car, en moyenne, six pathologies sont diagnostiquées par personnes âgées. « Et ce risque est particulièrement avéré dans les domaines neuropsychiatrique et cardiovasculaire, puisque 82 % des sujets âgés sont affectés d’une pathologie neuropsychiatrique et 75 % au moins d’une maladie cardiovasculaire », explique Carole Micheneau, de la direction de l’amélioration de la qualité et de la sécurité des soins à la Haute autorité de santé (HAS). Conséquence : 20 % des hospitalisations du sujet âgé sont essentiellement dues à ces deux domaines thérapeutiques. D’où l’intérêt de mieux appréhender le risque lié au médicament. Et donc de mieux identifier les situations à gérer. Car ce risque peut-être tantôt assumé, lorsque la prescription est appropriée ; tantôt indu, lorsque la prescription est non justifiée ; voire non traité en cas de « prescription perte de chance ». Et pour prévenir ce risque iatrogène, il convient à la fois de « s’appuyer sur la revue de pertinence de la prescription et d’impliquer l’ensemble des professionnels de santé intervenant tout au long du parcours du patient, dont le pharmacien d’officine, en tant que professionnel de santé de proximité ».
Des outils pour les pharmaciens.
C’est dans cette optique que la HAS a mis au point des programmes d’amélioration des pratiques, tels que l’optimisation de la prescription médicamenteuse chez le sujet âgé (2005-2007), le PPSA (programme psycho du sujet âgé) sur quatre situations cliniques (anxiété, sommeil, troubles du comportement, usage au long court des hypnotiques chez le sujet âgé) ou encore l’AMI PMSA (alerte et maîtrise de la iatrogénie) et notamment le programme AMI Alzheimer (2010-2012). C’est encore dans cette perspective que les premiers outils spécifiques pour les pharmaciens et divers documents d’échanges patients/aidants viennent de voir le jour.
Des documents qui permettront aux officinaux de « repérer les situations à risque, d’orienter le patient et son aidant et de leur apporter une information », précise Philippe Denry, président de la commission relations sociales et formation professionnelle de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Une fiche d’action décrit ainsi les objectifs poursuivis, la population cible, les actions et les outils pour le pharmacien, les modalités de suivi du patient et l’évaluation de l’action.
Autant d’objectifs qui s’inscrivent également dans la logique du développement professionnel continu (DPC). Prévu par l’article 59 de la loi Hôpital, patients, santé, territoires (HPST) celui-ci vise en effet « à l’évaluation des pratiques professionnelles, au perfectionnement des connaissances, à l’amélioration de la qualité et de la sécurité des soins ainsi qu’à la prise en compte des priorités de santé publique et à la maîtrise médicalisée des dépenses de santé, explique Jean-François Thébaut, membre du Collège de la HAS. Des obligations que le décret du 30 décembre 2011 a précisées en affirmant que le DPC comporte l’analyse par tous les professionnels de santé de leurs pratiques professionnelles ainsi que l’acquisition ou l’approfondissement de connaissances ou de compétences ». Le DPC est donc une obligation individuelle qui s’inscrit dans une démarche permanente.
Obligatoire pour tous.
Les programmes de DPC, doivent ainsi comporter une phase d’analyse des pratiques, une phase de mesure d’impact de l’amélioration des pratiques et une phase d’acquisition ou d’actualisation des connaissances. Ils doivent en outre à la fois être conformes à une orientation nationale ou régionale, comporter une des méthodes et des modalités validées par la HAS après avis des commissions scientifiques et être mis en œuvre par un organisme de DPC (O-DPC) qui est enregistré auprès de l’organisme gestionnaire (OG) du DPC et est évalué favorablement par les commissions scientifiques indépendantes (CSI).
Obligatoire pour tous les professionnels de santé - médecins, chirurgiens-dentistes, sages-femmes, pharmaciens… - et pour les paramédicaux, le DPC fait en effet intervenir plusieurs acteurs : l’OGDPC, qui est un groupement d’intérêt public (GIP) composé de représentants de l’État, de l’Assurance-maladie, des professionnels ainsi que des employeurs (arrêté du 19 avril 2012, portant approbation de la convention constitutive du GIP OGDPC) ; les CSI ; les conseils nationaux professionnels, qui regroupent pour chaque spécialité les sociétés savantes et les organismes professionnels composant la FSM pour les spécialités autres que la médecine générale qui est, elle-même, représentée par le CNMG ; les organismes de DPC ; la CME et les Unions régionales des professionnels de santé (URPS) qui ont un rôle de promotion des programmes de DPC ; les Agences régionales de santé (ARS) qui complètent les orientations nationales de DPC par des orientations régionales spécifiques, en cohérence avec le programme régional de santé après avis de la commission scientifique compétente ; les Conseils de l’Ordre et les employeurs.
Sans oublier la HAS qui doit valider les méthodes et modalités de DPC - en collaboration avec la FSM et le CNMG pour les médecins - après avis de la CSI y compris les conditions qui permettent d’apprécier la participation effective en tant que participant ou formateur à un programme de DPC. Elle élabore et fixe, après avis de la CSI, la liste des méthodes et des modalités de DPC, élaborées avec le concours d’un organisme composé de conseils nationaux professionnels de spécialité d’exercice pour ce qui concerne les médecins. Elle assiste aux travaux du conseil de surveillance de l’OGDPC. Aussi la HAS entend-elle « compléter ce qui existe en assurant la promotion de la gestion des risques et de la sécurité, intégrer les programmes au plus près de la pratique et promouvoir les programmes pluridisciplinaires ».
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