LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN. - Quels sont, selon vous, les principaux indicateurs de gestion à suivre pour apprécier la santé économique de son officine ?
PHILIPPE BECKER. - D’après notre expérience des officines, il faut suivre un petit nombre d’indicateurs, mais le faire régulièrement. D’où l’intérêt de créer son propre tableau de bord. En premier lieu, on commencera par analyser l’activité de la pharmacie au travers de l’évolution mensuelle du chiffre d’affaires, en tenant compte des jours ouvrés. Sur ce même plan, on suivra également la fréquentation hebdomadaire et mensuelle, ce qui permettra de calculer immédiatement le panier moyen. Ensuite, il faut affiner en analysant le panier moyen « ventes ordonnances » et le panier moyen « autres ventes ». Attention : nous abordons ici les indicateurs d’activité, mais il y a aussi des indicateurs qui « marquent » la marge par activité, la productivité du personnel ou bien encore la trésorerie de l’officine. C’est sans limite !
Est-ce facile à faire pour le titulaire ?
CHRISTIAN NOUVEL. - En fait, grâce à son logiciel de gestion officinal, chaque pharmacien dispose de la plupart des données, et il peut donc les exploiter. Mais reconnaissons que, dans la majorité des cas, il faut « piocher » ça et là, et aussi parfois faire des retraitements. Ce sont toutes ces re-saisies de données qui freinent les pharmaciens. Heureusement, on voit depuis peu apparaître des solutions clés en main qui facilitent la récupération et la lecture de ces données de gestion. Et dans le futur, il devrait être possible de consulter son tableau de bord « pharmacie » sur un smartphone ou sur une tablette. La gestion au « doigt mouillé », c’est du passé !
Quelles doivent être les qualités d’un bon tableau de bord ? Doit-il être adapté aux spécificités de l’officine et aux habitudes du titulaire ?
PHILIPPE BECKER. - Tout à fait, et c’est pour cette raison que nous défendons l’idée que le tableau de bord est fait par et pour le pharmacien. Il peut se faire aider, pour l’élaborer, par ses conseils habituels (expert-comptable, groupement), mais le tableau de bord doit rester son propre outil. Pour que le pharmacien chef d’entreprise puisse être réactif et sache prendre de bonnes décisions, il faut aussi que son tableau de bord soit simple, facile à lire et qu’il lui fournisse en temps réel des informations fiables et pertinentes. Tout cela sans passer par des intermédiaires.
N’y a-t-il pas le risque de surréagir lorsque les chiffres ne sont pas bons ?
CHRISTIAN NOUVEL. - Quand on est malade, il y a toujours deux écueils : ne jamais prendre sa température, et au contraire la prendre toutes les cinq minutes ! Certains indicateurs doivent être consultés quotidiennement, d’autres une fois par semaine ou avec des périodicités encore plus espacées. Mesurons ce qui est mesurable, ce qui a du sens, et surtout ce sur quoi l’on peut agir !
Justement, les pharmaciens, qui subissent un déluge réglementaire, ont souvent le sentiment de ne pas avoir de marges de manœuvre. Qu’en pensez-vous ?
PHILIPPE BECKER. - Dans les faits, et c’est une bonne chose, la majorité des pharmaciens prennent des initiatives lorsqu’ils constatent une dégradation de certains de leurs indicateurs. Mais, bien souvent aussi, ils ont le défaut de tarder à donner le bon coup de barre. Surtout, ils ne mesurent pas toujours les effets positifs ou négatifs de ce fameux coup de barre. Le tableau de bord est justement là pour donner cette information qui fera corriger la trajectoire. C’est essentiel pour augmenter la visibilité de l’officine, par exemple lorsque l’on projette de faire un investissement, ou dans la formation du personnel. Ai-je eu raison ? Y a-t-il eu un bénéfice en marge ou en activité ? Voilà des questions auxquelles on doit être capable de répondre.
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