« JE CROIS BIEN que c’est une première française. » Max Dalier, pharmacien à Mauléon (Pyrénées Atlantique) attend avec impatience la concrétisation du projet porté avec ses cinq confrères. Sur le thème du regroupement, les propriétaires des trois officines de cette petite commune des contreforts pyrénéens qui compte 3 500 habitants, ont en effet décidé de se regrouper afin d’être plus efficaces et d’optimiser leurs activités réciproques.
« C’est une idée que nous caressions depuis quelques années, explique le porte-parole de l’équipe, mais que nous ne pouvions mettre en œuvre dans le contexte de l’ancienne législation. Nous nous connaissons bien et nous avons noué des liens d’amitié entre nous tous, il nous paraissait intéressant de franchir le pas et de travailler ensemble en mettant en commun nos moyens comme nos connaissances. » Ainsi que le décrit Max Dalier, les six diplômés de Mauléon, hommes, femmes, mariés ou associés, se sont toujours considérés comme une sorte de « team ». « Les lois évoluant, nous sommes passés à l’action et nous avons acheté un terrain en centre-ville l’an dernier, avant de lancer le dossier. »
6 000 mètres carrés ont été acquis, des plans dessinés, un permis de construire déposé puis accordé. Aujourd’hui le bâtiment est en train de s’ériger sur quelque 400 mètres carrés : une pharmacie hors normes. Avec un budget de 600 000 euros, apportés en trois parts égales (deux couples mariés, deux associés), plus 100 000 euros d’équipements techniques (un robot distributeur de médicaments), l’affaire est en route. Sur le plan juridique, les deux SEL et la SNC qui géraient les officines vont se transformer en une seule SEL. Les 14 salariés des trois officines se retrouveront aussi sous le toit commun de la future pharmacie dont l’ouverture est prévue non-stop, sept jours sur sept. Côté chiffre d’affaires, l’activité est envisagée légèrement à la hausse, avec un premier exercice complet estimé à 6 millions d’euros, soit un peu mieux que la somme des chiffres d’affaires des trois officines.
L’union fera l’efficacité.
« Cela nous permettra de mieux travailler, précise Max Dalier, d’enrichir nos compétences respectives, et d’apporter, de ce fait, un meilleur service et une meilleure écoute à nos clients. » La plateforme ainsi créée va en effet réunir des spécialités, comme l’orthopédie qui disposera d’un espace réservé. Compte tenu de la surface prévue, de nombreux aménagements seront possibles, avec des rayons clairs, des allées et des accueils clients confortables. Maintien à domicile, parapharmacie, etc., composeront les différents univers.
Les tours de garde observés avec les trois assistants pourront aussi être mieux gérés que par le passé, et permettre une plus grande amplitude d’ouverture sur un plus grand nombre de jours. Quant aux trois anciennes officines, elles seront, pour l’une conservée par son titulaire, qui en profitera pour agrandir son logement personnel, les deux autres étant rendues à leurs propriétaires en tant que locaux commerciaux sous bail.
Dans cette initiative hors norme, tout s’est déroulé au mieux des intérêts de chaque associé. Que ce soit pour l’Ordre, la préfecture, les confrères alentour (la pharmacie la plus proche est à 13 km) le projet n’a rencontré ni opposition ni obstacle. L’ouverture des portes est prévue en juin prochain, et le bâtiment devrait rapidement se voir entouré d’autres activités commerciales. « En créant cet espace, qui devrait générer un trafic de population important, nous avons donné de bonnes idées à d’autres professionnels de santé », explique Max Dalier. Un pôle médical va se créer, avec l’ouverture d’un cabinet dentaire, construit sur le terrain des six pharmaciens qui ont déjà revendu des parcelles. « On y prévoit aussi un cabinet médical de généralistes, un laboratoire d’analyses, et des infirmières, sans compter d’autres possibilités. En fait, un véritable hameau médical va naître, au cœur de Mauléon. Quant à nous, nous allons en prime offrir un service « drive » à nos clients qui pourront prendre leurs médicaments sans descendre de voiture, et qui nous permettra de répondre aux demandes lors des gardes en toute sécurité. »
Max et Pascale Dalier, Christian Lahargoue, Isabelle Béguerie, Philippe et Christine Pérez attendent désormais avec impatience de couper le ruban inaugural.
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