AVEC un recul de 0,52 % en moyenne, le chiffre d’affaires des officines a, pour la première fois, diminué en 2012. « Une première depuis l’après-guerre », fait remarquer Philippe Becker, directeur du département Pharmacie de Fiducial et responsable de cette étude. Certes, ce recul est plus ou moins marqué selon les différentes typologies d’officines, mais plus de 58 % des pharmacies affichent une évolution négative de leur activité.
Principales victimes de cette récession : les officines rurales et de centre-ville. Les premières affichent une diminution de leur chiffre d’affaires de 0,98 % en moyenne, en raison, principalement, de la désertification médicale. Pour les pharmacies urbaines, le recul moyen est de 0,77 % pour celles qui sont implantées en centre-ville même, et de 0,42 % pour celles qui sont situées dans un quartier. L’étude statistique de Fiducial relève que ces officines urbaines doivent faire face à « une concurrence exacerbée et se disputent la clientèle à coup de discount sur les prix ».
À l’inverse, et comme les années précédentes, seules les pharmacies de centres commerciaux arrivent à maintenir leur activité en 2012. Celle-ci progresse même de 1,87 % en moyenne, ce qui s’explique par un environnement favorable : une forte fréquentation des centres commerciaux, l’attraction des grandes enseignes et des espaces de stationnement pour les clients. Par ailleurs, et ce n’est pas non plus une surprise, les officines exploitées en association résistent mieux à la baisse générale de l’activité que les pharmacies individuelles. L’effet « taille » continue de jouer pour ces officines.
Une marge en trompe-l’œil.
Du côté de la marge commerciale (après remises), l’année 2012 voit cet indicateur progresser en pourcentage du chiffre d’affaires, le montant moyen de la marge passant de 27,83 % en 2011 à 28,32 %. L’explication tient évidemment à la substitution générique : le médicament générique prenant de plus en plus de place, le chiffre d’affaires baisse mais la marge relative augmente. Mais il s’agit d’une augmentation en trompe-l’œil, puisque, compte tenu de la régression du chiffre d’affaires, la marge en valeur absolue (en euros) n’augmente pas.
On peut noter également que les officines rurales sont celles qui dégagent la plus forte marge en 2012 (28,77 %), en raison principalement, souligne Philippe Becker, « d’une moindre exposition à la guerre des prix constatée en milieu urbain ». À noter aussi que le taux de marge est un peu plus élevé pour les pharmacies en association que pour les officines individuelles : 28,59 % contre 28,09 %. De façon générale, les officines en société ont d’ailleurs de meilleurs indicateurs économiques, que ce soit en termes de chiffre d’affaires, d’excédent brut d’exploitation (EBE) ou de résultat net.
L’étude de Fiducial montre, d’autre part, que la coopération commerciale continue toujours de progresser, mais à un rythme moins soutenu que par le passé. « Pour une officine moyenne qui réalise un chiffre d’affaires hors taxes de 1,491 million d’euros, la coopération commerciale représente 34 000 euros en moyenne, contre 30 000 euros en 2011. Pour l’officine moyenne, la coopération commerciale représente l’équivalent de deux points de marge ou encore 21 % du résultat net de 2012 », explique-t-on chez Fiducial.
Des charges qui pèsent lourd.
Autre constat : lorsque, comme c’est le cas pour 2012, le chiffre d’affaires diminue, les charges d’exploitation deviennent de plus en plus lourdes. Par exemple, le montant du loyer occupe une place grandissante dans le compte de résultat : il passe, en moyenne, de 18 981 euros en 2011 à 19 658 euros en 2012. C’est bien sûr en centre-ville que le montant du loyer est le plus élevé (21 351 euros), et il devient même une charge que les petites officines ne parviennent plus à absorber.
Pour les frais de personnel, l’étude de Fiducial fait ressortir une stabilité de ce poste, puisqu’il représente 10,03 % du chiffre d’affaires hors taxes en 2012 contre 10,04 % en 2011. « Après plusieurs années d’une relative insouciance, les pharmaciens ont pris conscience que l’une des seules variables d’ajustement de leurs charges d’exploitation était la masse salariale. Notre étude montre que les embauches sont au point mort et que la recherche de gains de productivité devient un vrai sujet », souligne Philippe Becker.
Dans ce climat général de récession, les autres ratios économiques des officines ne peuvent pas être très bons dans la mesure où, même lorsqu’ils sont positifs, ils s’appliquent à des chiffres d’affaires dont le montant est en baisse. Ainsi, l’EBE progresse en moyenne de 0,71 % par rapport à 2011, cette hausse se retrouvant à peu près dans tous les types d’officine, à l’exception des pharmacies de centre-ville qui voient leur EBE baisser de 0,24 %. Les pharmacies rurales dégagent l’EBE le plus élevé (13,26 % du chiffre d’affaires hors taxes), alors que, inversement, les moins bons chiffres sont réalisés par les officines de centre commercial (11,22 %).
Le résultat net, quant à lui, évolue de la même façon que l’EBE, avec une petite augmentation de 0,27 %. On constate cette augmentation pour tous les types d’officines, sauf pour celles qui sont en centre-ville, qui ont un résultat net en baisse de 0,37 %.
Au total, « la forte dégradation de l’activité des officines en 2012 fait planer de nombreuses incertitudes sur l’avenir économique de la profession », conclut cette enquête de Fiducial. « La phase de restructuration que traverse le secteur de l’officine place les pharmaciens face à de nouveaux et nombreux enjeux : l’évolution de la démographie médicale, les nouvelles réglementations, la pression de l’Europe, l’arrivée de nouvelles missions… » Pour subsister, les pharmaciens devront rapidement s’adapter à un nouvel environnement devenu désormais ultra-compétitif, élargir leur horizon et diversifier leur activité.
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