Le Quotidien du Pharmacien.- Dans vos premières estimations sur l’évolution de l’activité des officines en 2012, vous annoncez une baisse moyenne de 0,27 %. Ce que l’on craignait s’est donc produit ?
PHILIPPE BECKER.- Les premiers chiffres provisoires que nous avons rassemblés portent sur des bilans clôturés au cours des deux premiers trimestres de l’année. Au total, l’évolution négative de l’activité pourrait donc se révéler encore plus importante car le deuxième semestre 2012 a été très mauvais en termes de chiffre d’affaires. Je pense que c’est la première fois que l’activité globale de la profession baisse en moyenne.
Au-delà de ce chiffre moyen, qui est très mauvais, tous les pharmaciens ne sont pas logés à la même enseigne. Quels sont les perdants et ceux qui s’en sortent mieux ?
C’est exact, la pharmacie d’officine française est coupée en deux. Il y a désormais une majorité d’officines dont l’activité régresse (- 3,49 % en moyenne), et une autre proportion de pharmacies qui échappe au marasme avec une progression moyenne plus qu’honorable (+3,32 %). C’est le grand paradoxe de ces trois dernières années. Mais il reste que la tendance de fond est très préoccupante.
Quelle est la typologie d’officines la plus touchée par la baisse d’activité ?
Ce sont les pharmacies situées en zone rurale qui souffrent le plus. On en connaît les causes, désormais on en voit les conséquences.
Et ceux qui s’en sortent le mieux ?
Je vais encore une fois enfoncer des portes ouvertes en disant que les pharmacies qui ont un bon emplacement, un bon environnement et une bonne équipe au comptoir résistent plutôt bien. Il faut donc avoir les trois « E » pour émerger en ces temps difficiles…
La marge commerciale, en revanche, se consolide légèrement en 2012. C’est plutôt une bonne nouvelle ?
Oui, c’est vrai, mais elle s’applique à un chiffre d’affaires qui baisse, et cela ne se compense plus en valeur ajoutée. On change d’époque et de modèle économique : il y a encore sept ans, les chiffres d’affaires progressaient, et les marges baissaient. Désormais, c’est l’inverse qui se produit. Mais ce n’est pas mieux, bien au contraire, car psychologiquement, voir son chiffre d’affaires régresser c’est dur… En outre, il ne faut pas oublier que le chiffre d’affaires est encore la référence en matière de transactions.
Dans ces conditions, comment doivent faire les pharmaciens pour s’adapter ?
Pour certaines officines, l’alternative est de s’adapter ou de disparaître. La stagnation, voire la baisse de l’activité, s’installe progressivement et touche de plus en plus d’officines. L’impact est sérieux puisque, en 2012, la rentabilité va chuter en moyenne d’un demi point dans le meilleur de cas. Il faut donc adapter l’économie de chaque officine à cette nouvelle donne. Ce ne sera pas facile car je ne suis pas persuadé que les pouvoirs publics soient réellement conscients de la situation. Plus on tarde à trouver des solutions, plus le nombre d’officines va baisser. Aujourd’hui, ne nous voilons pas la face, beaucoup de pharmacies sortent à peine la tête de l’eau grâce aux avantages octroyés par les génériqueurs. Mais si demain ces avantages viennent à disparaître, que se passera-t-il ?
L’espoir peut-il venir, selon vous, des nouvelles missions et de la rémunération à la dispensation ?
Il faut certainement revoir le mode de rémunération car l’activité, me semble-t-il, est orientée durablement à la baisse. Au-delà, il faut trouver la bonne formule, et là, il faut le reconnaître, c’est très compliqué tant les typologies d’officines sont nombreuses et différentes. Il faut aussi une volonté politique d’aboutir, avec un signal fort qui laisse entendre que l’on souhaite garder le réseau tel qu’il est actuellement. Or je n’entends rien de tel aujourd’hui !
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