LA SAGA DES MARQUES
COMME il arrive parfois, le destin de la marque Sigvaris repose sur une rencontre. Deux entreprises familiales vont, chacune de leur côté, tisser l’avenir de la compression textile en France. La plus ancienne porte le nom de son fondateur, Moritz Ganzoni qui, en 1864, crée une usine vouée à la fabrication de textile élastique – des rubans tissés pour l’essentiel - aux côtés d’un certain Monsieur Barthels. Elle se situe en Suisse, très précisément à Wienterthur, aux environs de Zurich. Soixante ans plus tard, l’entreprise enjambe la frontière pour venir essaimer son savoir faire à Saint-Louis en France, dans la région du Haut Rhin, où elle implante une filiale. À sa tête, la seconde génération des Ganzoni, Werner et Paul. Nous sommes alors en 1924, mais la deuxième des Parques, qui va contribuer au développement de Sigvaris, œuvre déjà depuis une dizaine d’années. Il s’agit de l’entreprise G.Berthéas, implantée à Saint-Just Saint-Rambert, aux portes de Saint-Étienne. Gaspard Berthéas en est l’auteur et s’est, lui aussi, spécialisé dans la fabrication de tissu élastique étroit tissé. Faut-il le rappeler, la région stéphanoise est un des hauts lieux de la passementerie française et la qualité des rubans, galons et autres cordons qui en résultent témoigne d’une dextérité vieille de plusieurs siècles. En terme d’activité, parler de trait d’union entre les sites de Saint-Louis et du Forez relèverait presque de l’euphémisme tant les deux productions sont semblables. Pourquoi ne pas se rapprocher ? Ce sera chose faite en 1981. Mais ne brûlons pas les étapes, car, avant que l’heureuse rencontre se produise, il faut que Sigvaris voit le jour…
B.A. Bas.
La fin des années 1950 s’esquisse à peine quand l’univers des traitements de l’insuffisance veineuse est bouleversé par une idée géniale. Et c’est une nouvelle fois le fruit d’une collaboration : en Suisse, la maison mère Ganzoni et un médecin phlébologue du nom de Karl Sigg imaginent de doter un bas de tissu élastique, le but étant de favoriser le retour veineux des patients. Le « bas à varice » est né, bien que, très rapidement, il adopte le nom - plus élégant et plus explicite quant à sa fonction - de « bas médical de compression ». Cette découverte capitale va sonner le glas des anciens dispositifs de compression veineuse. Difficiles à appliquer, ces bandes élastiques tissées posaient en outre le problème majeur de reproduire la pression demandée d’une fois sur l’autre. Le bas de compression, selon son ingénieux principe, contourne tous ces écueils. Naturellement, il se classe immédiatement parmi les traitements de l’insuffisance veineuse et va contribuer à l’édifice d’une toute jeune discipline : la phlébologie. En pleine formation, celle-ci a à peine développé ses premiers traitements et doit faire face à des affections souvent lourdes car non diagnostiquées à temps.
Les besoins sont réels et les attentes profondes. Le « bas à varice » peut heureusement produire de fortes pressions, ce qui est fréquemment demandé. Qui plus est, il permet de reproduire une classe de pression, ce qui constitue une grande avancée thérapeutique. Reste à trouver un nom au dispositif : hommage à la contribution du phlébologue Sigg, la première syllabe de la marque en évoquera le nom ; apposée à la pathologie visée, elle répondra au vocable « Sigvaris ». L’aventure peut désormais se poursuivre. Le premier modèle de la marque est un bas numéroté 503, ce qui évoque sa classe de compression (3). À l’époque, les collants n’existent pas et les femmes ne portent pas de chaussettes ! C’est donc sous la forme d’un bas que Sigvaris fait ses premiers pas sur le marché. Seule différence visible avec le vêtement, les orteils qui restent apparents pour que le médecin puisse évaluer le degré de pression exercé sur la jambe. Distribué par les pharmaciens et les orthopédistes, le bas est donc un traitement de prescription médicale.
Un pour tous.
Tout révolutionnaire qu’il soit, le produit doit cependant être amélioré. Chaud, lourd à porter et difficile à enfiler, il va faire l’objet d’un profond travail de développement pour atteindre, en 1971, le statut de dispositif médical. Des efforts reconnus puisque que Ganzoni devient alors le premier fabricant européen de bas médicaux de compression. Le dispositif va alors connaître bien des évolutions, notamment en terme de matière : après le caoutchouc extrait de l’hévéa dont il est tout d’abord constitué, le bas va adopter le fil élastique de synthèse, l’élasthane, qui lui offre de nouvelles possibilités. Les produits se font plus fins et mieux adaptés aux différentes morphologies. Ils portent les numéros 501, 502, selon leur classe de compression, mais le plus demandé reste le 503 d’origine. Autre atout, et pas des moindres, celui de la coloration car les fils peuvent enfin être teints, ce que ne permettait pas le caoutchouc naturel. Désormais, les modèles vont pouvoir se diversifier. Les chaussettes font leur apparition, bientôt suivies des collants qui viennent libérer les jambes en souffrance à la fin des années 1970. Dix ans plus tard, un nouveau process de fabrication offre aux produits les couleurs les plus foncées, noir et bleu marine. Plusieurs marques (Finella, Médica) existent alors aux côtés de Sigvaris, une cohabitation qui, par soucis de simplification, tourne court en 1987. Désormais, tous les modèles viendront se ranger sous la marque ombrelle Sigvaris. Les gammes commencent à se structurer par classe de compression, chacune d’elles accueillant chaussettes, bas et collants, permettant ainsi de clarifier l’offre aux yeux des clients.
Obstinément, les techniques continuent d’évoluer, et tout particulièrement dans le champ des matières premières et de leur traitement. De nouvelles possibilités de coloration sont élaborées afin de répondre au mieux aux différents modes de vie des patients. Chacun doit pouvoir trouver dans la gamme Sigvaris, le modèle et le coloris qui lui convient. C’est donc au dispositif de compression d’évoluer pour intégrer le plus naturellement possible le quotidien des personnes traitées. L’objectif étant toujours d’améliorer l’observance du traitement, et donc du port des bas, collants et chaussettes de compression. Un leitmotiv qui sous-tend l’ensemble du travail de la marque.
« Life for legs ».
Quelle que soit la jambe qui le porte, il faut garantir au produit son système de pression. Pour cela, le fil élastique doit être calibré et préparé pour exercer son action sans modifier la structure du bas. C’est là toute la difficulté que l’entreprise a su maîtriser, faisant d’un fil technique son principe actif.
Cette expertise conduit, à l’aube du troisième millénaire, au lancement du bas Diaphane. Une petite révolution qui bouleverse les idées reçues sur la compression veineuse car, pour la première fois, le confort et l’esthétique du produit font oublier aux femmes qu’elles portent un bas médical. Diaphane devient rapidement un « blockbuster » et occupe un quart des ventes du marché français de la compression pour femmes. Ce beau succès couronne, par les chiffres, la fusion qui s’est opérée quelques années plus tôt entre Ganzoni France et TEF (Tricotage Élastique du Forez) - anciennement l’entreprise G.Berthéas - que l’entrepreneur suisse est venu rejoindre sur son site forésien de Saint-Just Saint-Rambert.
Désormais, l’idée d’une compression moderne, seyante et conforme aux exigences thérapeutiques est acquise. Les bas se font ajourés, à résilles, à rayures ; la viscose de bambou s’invite dans les tricots pour offrir un confort absolu à une entière ligne de chaussettes pour hommes ; la transparence des voiles est travaillée dans la gamme Éclat pour femmes qui joue sur l’effet légèreté et reflets ; les sens sont sollicités dans la ligne veloutée et opaque Opalis. En tout, ce sont 15 gammes Sigvaris qui portent aux yeux du public la technologie et le savoir-faire Ganzoni. Une offre qui n’oublie pas les hommes auxquels la marque consacre 6 lignes (Club, Laine, Coton, Bambou, Urban, Graphik). Fort de plus de 43 % de parts, Sigvaris est aujourd’hui leader du marché français des bas médicaux de compression. L’expertise qu’elle a développée durant des années pourrait conduire la marque à exporter prochainement ses solutions vers les pays en voie de développement. Un projet que motive toujours la même volonté de redonner vie aux jambes… Comme l’indique son slogan : « Life for legs » !
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