QUI n’a jamais vu, sans ressentir une certaine exaspération, des sacs plastiques accrochés aux arbres, voler dans la rue ou flotter sur la mer ? Au total, environ 15 milliards de sacs de caisse sont distribués chaque année en France et plusieurs millions d’entre eux se retrouvent perdus dans la nature, contribuant à accentuer le désastre écologique. Des Alpes au littoral atlantique, la pollution visuelle est partout. À celle-ci, s’ajoutent les nuisances engendrées par la décomposition de ces sacs sur l’écosystème.
Un abus de langage à dénoncer.
Depuis quelques années, pour limiter la pollution visuelle liée aux sacs plastiques en polyéthylène, des additifs ont été ajoutés à leur formule initiale. L’objectif ? Permettre d’accélérer leur décomposition. Ces sacs, dits fragmentables, disparaissent plus vite de notre vue et semblent apporter une réponse à la pollution visuelle. Invisibles donc, mais pas moins nocifs pour l’environnement. La fragmentation de ces sacs entraîne une dispersion dans l’air de particules toxiques (métaux lourds, par exemple) pour la faune, la flore et l’homme. Il règne aujourd’hui une dangereuse confusion verbale entre les termes « fragmentables » et « biodégradables ». Et nombreux sont les naïfs à croire encore à cette fausse synonymie, au détriment de l’environnement.
L’alternative est végétale.
L’alternative aux sacs plastiques est végétale, associant de l’amidon de maïs ou de pomme de terre au polyéthylène. Plus soyeux, ces sacs ont un aspect en peau de pêche et sont un peu plus épais que les modèles totalement hydrocarburés afin d’obtenir une résistance équivalente. Plus écologiques, les sacs dits végétaux peinent cependant à séduire les utilisateurs, y compris le pharmacien, considéré pourtant comme le deuxième diffuseur de sacs de caisse. Son principal inconvénient est son prix plus élevé. À ce jour, 15 % des pharmaciens auraient déjà fait le choix de proposer ce type de sacs. Parmi eux, les confrères installés en zone côtière semblent être particulièrement sensibilisés. Des enseignes comme Népenthès ou Évolupharm ont également opté pour les sacs végétaux, marquant ainsi leur différence et affichant leur volonté de protéger l’environnement.
La pénétration des sacs végétaux sur le marché des sacs de caisse devrait cependant s’accroître dans les mois à venir, en raison d’une taxation de ces derniers. À partir du 1er janvier 2014, la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP), définie par le Code des douanes, sera étendue aux sacs de caisse à usage unique. Cette orientation, décidée par la loi de finances pour 2010, vise à réduire de manière indirecte (par augmentation du prix à l’unité) l’utilisation des sacs de caisse en polyéthylène. Une sorte de réponse écologique face à la pollution reconnue de ces produits.
Concrètement, la taxe s’élève à 10 euros par kilo, soit environ 6 centimes par sac, et concerne toutes les personnes qui « livrent ou distribuent » dans le cadre de leur activité professionnelle des sacs de caisse à usage unique. Les pharmaciens sont bien entendu concernés. Cette taxe, qui ne s’applique pas aux « sacs de caisse à usage unique en matière plastique biodégradables constitués d’un minimum de 40 % de matière végétale en masse », devrait ainsi favoriser l’utilisation des sacs végétaux, mais aussi des cabas et autres paniers souples à usage multiple en tissu, en intissé ou en papier.
Qui devra payer la taxe ?
À ce jour, il reste des zones d’ombre quant à l’application de cette taxe. Seule la date d’entrée en vigueur, à compter de janvier 2014, est confirmée par les douanes. La Direction générale des finances publiques a évoqué une intégration de la TGAP au prix d’achat des sacs plastiques. Autrement dit, c’est le fournisseur qui devrait s’acquitter de régler cette taxe, laquelle serait répercutée évidemment sur le prix de vente. En revanche, on ne dispose d’aucun élément suggérant ou écartant une éventuelle rétroactivité, notamment sur les stocks de sacs plastiques déjà détenus. Selon les autorités, une circulaire et un décret d’application seraient en préparation, « pour novembre » précise-t-on au service des douanes. Interrogés, les syndicats de pharmaciens (FSPF et USPO) ont répondu ne pas avoir été consultés à propos de ces textes, du fait certainement que la profession de pharmacien n’est pas la seule concernée.
À ce jour, si ce n’est la date d’application de la taxe, de nombreuses incertitudes persistent. Mais d’ores et déjà, il peut être recommandé aux pharmaciens de prendre en compte cette évolution et d’envisager une modification de leurs habitudes en matière de sacs de caisse.
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