PÉTRIFIANTE Petra ! L’expression convient parfaitement, tant est grand le choc qui saisit le visiteur à la vue du spectacle de cette étrange ville de pierres sculptée en plein désert. De la bourgade de Wadi Musa, il faut marcher sur un long chemin caillouteux avant de s’enfoncer dans le clair-obscur du Siq, étroit corridor surplombé de hautes falaises qui laissent à peine entrevoir un ciel réduit à un mince filet bleu. Au sortir du passage, une trouée de lumière dévoile soudain la vision magique du majestueux et colossal tombeau d’al-Khazneh, le « Trésor ». Haut de 40 m, flanqué de colonnes corinthiennes et de statues, c’est le monument le plus célèbre de la « cité rose », l’ancienne capitale royale, au 1er siècle avant J.-C., des Nabatéens, très ancienne tribu nomade venue du Yémen. Dans cette saisissante cité-nécropole, s’alignent par centaines les monuments taillés comme en trompe-l’œil dans la montagne, tombeaux sculptés à flanc de falaise, ou triclinia, immenses salles de banquets funèbres semblables à de mystérieuses cathédrales rupestres, aux voûtes de grès veiné de rouge ou de bleu, qui, sous la lumière, éclatent parfois en feux d’artifices multicolores.
Égyptiens, Grecs, Romains, Arabes et croisés francs ont tour à tour imprimé leur marque sur la ville rose. On peut y admirer les dalles de la voie romaine et le cardo maximus qui traverse la ville basse, où se trouvaient les habitations de pierres, avec ses bâtiments publics, marchés, palestres, palais et temples, dominée par la colline de Kaluté, où se dresse, solitaire, « el Zeb al-Faraoun », haute colonne de pierre surnommée ainsi par les Bédouins et dont la traduction se passe de commentaire.
Pétra, désertée, s’enlisa dans les sables, jusqu’en 1812, date de sa découverte par l’explorateur suisse Johann Burckart, qui révéla au monde, relayé par les superbes aquarelles du peintre écossais David Roberts, les trésors oubliés de la fabuleuse nécropole.
À l’horizon, s’étend, sec et basané comme le dos d’un chacal, parsemé de stèles sculptées par le vent et le sable, le Wadi Rum, désert immense qui va jusqu’à Aqaba, sur la mer Rouge, et dont les monumentales falaises de grès ocre forment les « sept piliers de la sagesse », qui inspirèrent le célèbre ouvrage de Lawrence d’Arabie.
Comme aux temps bibliques.
Après les forteresse de Kerak, l’un des plus beaux châteaux croisés du Proche-Orient, fief du redoutable Renaud de Chatillon, l’ennemi irréductible de Saladin, et la descente vers la mer Morte, le point le plus bas de la terre, la vallée du Jourdain apparaît comme aux temps bibliques, avec ses collines aux lignes douces et ses cyprès évoquant parfois les paysages toscans peints par Giotto. C’est là que se trouve la « Béthanie au-delà du Jourdain » de la Bible, si l’on en croit les récentes découvertes des archéologues. Madaba, la cité des Mosaïques, sur le trajet de l’ancienne route des rois, abrite, dans l’église orthodoxe de Saint-Georges, les superbes fragments de mosaïques reproduisant l’une des plus anciennes cartes de Palestine, de Jérusalem et des lieux saints.
Au sommet d’une colline dominant la mer Morte, tout près d’une caverne où coule une petite source, se dresse un grand bloc de sel qui serait la femme de Loth, pétrifiée parce qu’elle se retourna pour contempler le cité de Sodome, détruite par le feu de Dieu.
De ces hauteurs, l’œil porte loin. Mais, nulle part, la plongée du regard n’est plus intense que sur le mont Nebo. Moïse y contempla le pays de Canaan et la mer Morte et c’est là, dit-on, qu’il mourut et que se trouve son tombeau. Sur l’emplacement présumé de sa tombe, une église fut édifiée par les premiers chrétiens byzantins en hommage au prophète. Plus tard, des fouilles révélèrent la présence d’un vaste monastère et de magnifiques mosaïques.
Site unique pour la climatothérapie en raison de sa situation (412 m au-dessous du niveau de la mer), de son taux de salinité six fois plus élevé que celui de la Méditerranée, de son climat chaud et ensoleillé (332 jours par an), de son air riche en oxygène, en brome et en magnésium et de ses boues noires aux vertus thérapeutiques, la mer Morte est parée de toute les vertus. Depuis la nuit des temps, les curistes viennent se baigner dans cette étrange mer d’eau tiède et épaisse comme de l’huile, sur laquelle on flotte comme un bouchon.
Entre deux trempettes, on remontera sur le mont Nebo, où, de la plate-forme de l’église s’étale, comme un rêve de Terre promise, le panorama magnifique et émouvant qui va de la vallée du Jourdain et de la mer Morte jusqu’aux toits de Jérusalem et de Bethléem.
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