LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN.- Votre dernière enquête statistique sur les officines montre une régression de l’activité en 2012. Quelles en sont, selon vous, les raisons ?
PHILIPPE BECKER.- L’année 2012 est une année de rupture. Pour la première fois, nous observons en effet, et nous ne sommes pas les seuls, une baisse en moyenne du chiffre d’affaires sur la population que nous suivons depuis de nombreuses années. C’est inédit, mais pas surprenant, car de mauvais facteurs jouent tous dans le même sens actuellement : baisse de la prescription, baisse du prix de certaines molécules qui entrent dans le champ du répertoire générique et baisse du pouvoir d’achat des patients. Globalement, c’est davantage un problème de panier moyen que de fréquentation, avec de fortes disparités entre les officines.
Effectivement, les résultats de votre étude montrent que tous les pharmaciens ne sont pas logés à la même enseigne. Y a-t-il des gagnants et des perdants ?
CHRISTIAN NOUVEL.- Si l’on fait référence à la proportion de pharmacies de notre panel qui est en baisse d’activité, on peut dire qu’il y a de plus en plus de perdants. Mais vous avez raison, la moyenne générale que nous faisons ressortir n’a pas beaucoup de signification tant les différences d’évolution de l’activité entre officines sont importantes.
Justement quels sont les pharmaciens qui peuvent légitimement s’inquiéter ?
PHILIPPE BECKER.- Les pharmacies rurales et les petites officines sont les plus touchées. Les premières subissent, chacun le sait, les affres de la désertification médicale, les secondes n’arrivent manifestement pas à fidéliser leur clientèle.
Donc c’est un problème de localisation ou d’emplacement ?
CHRISTIAN NOUVEL.- C’est presque toujours un problème d’emplacement. Chaque officine a potentiellement 2 800 clients si l’on divise la population française par le nombre de croix vertes. Or chaque officine réalise en moyenne 80 % de son chiffre d’affaires avec des médicaments qui sont identiques en consistance et en prix, et pour lesquels la publicité est interdite. On peut en conclure que la situation de la pharmacie est l’élément moteur de l’activité.
Ne pensez-vous pas qu’il faut également prendre en compte des facteurs comme la qualité de l’accueil des patients ?
PHILIPPE BECKER.- Oui, bien sûr. Mais les clients font le choix d’une officine facile d’accès, dans une rue où l’on peut se garer, ou près d’une grande surface commerciale. Et puis, le monde attire le monde ! En d’autres termes, lorsque le chiffre d’affaires est là, on peut investir en moyens humains et en matériels pour un meilleur accueil. Heureusement, cette spirale de la réussite est toujours présente dans presque la moitié des officines.
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