C’EST UNE QUESTION importante, tout de même. Qu’est ce qui compte le plus, dans la vie d’un pharmacien, la comptabilité des stupéfiants, ou bien l’amitié? On pourrait répondre que ça dépend du pharmacien. Ou bien du moment. Ou bien de l’état de son registre et de son coffre de stupéfiants le jour où un inspecteur de la pharmacie décide de lui faire une visite. Mais, en fait, c’est juste une question rhétorique. J’hésitais simplement entre deux sujets pour cette chronique, et, comme je ne suis pas arrivée à trancher, vous aurez droit aux deux.
Quand on est venu me dire, l’autre jour, que certains des flacons de Méthadone que j’avais moi-même enfermés dans le coffre des stupéfiants d’un service étaient vides, je n’en ai d’abord pas cru mes oreilles. Ils avaient été ouverts, vidés, refermés, mal remis dans leur emballage d’origine, puisque, sous mes yeux, j’avais un flacon de 10 mg dans un emballage de 20 mg, et vice versa, et placés de nouveau dans le coffre. Comment était-ce possible, alors qu’il fallait un code pour entrer dans la pièce, et un autre code pour ouvrir le coffre, lui-même contenu dans une armoire. Que s’était-il passé ? Nous avons parcouru le circuit de ces médicaments dans un sens, puis dans l’autre.
Le fabricant ? Le grossiste ? Le transporteur ? Le pharmacien ? Le soignant ? Le patient ? Toutes les hypothèses paraissaient aberrantes. « Louise, vous êtes sûre que vous ne siphonnez pas les flacons avant de les monter ? » Ah ah. Très drôle. Nous avons alors décidé de ne laisser dans le coffre que la dose du jour même et de voir ce qui allait se passer. Le mystère tournait et retournait dans mon esprit, mais j’en arrivais toujours à la conclusion qu’il devait y avoir une explication toute simple, plutôt qu’un détournement bien embêtant.
Dans la clinique où je travaille, une fois que l’IDE de jour a fait boire sa Méthadone au patient, elle met le flacon vide dans une boîte « Retour Pharmacie », et c’est moi qui le jette, un contrôle supplémentaire que l’administration a bien été effectuée. Croyant bien faire, l’IDE de nuit avait récupéré les emballages vides dans la corbeille à papiers et les flacons vides dans la boîte de retour. Elle avait plus ou moins reconstitué le tout et l’avait remis dans le coffre « pour ne pas que ça traîne ». Sans imaginer un seul instant que sa collègue du lendemain avait de fortes chances de se retrouver avec des flacons vides au moment de la distribution. Bienheureux les innocents.
Ce qui m’amène sans transition aux vacances sportives que je suis en train de passer, grâce à l’équipe qui est en tête de ma liste des Meilleures Équipes Du Monde Entier depuis toujours. Une équipe que je garde précieusement dans mon cœur, et dont le cadeau d’amitié et d’adieu, lui, n’est quasiment jamais sorti de mon garage depuis huit ans, tellement je suis trouillarde. Ici, en plus du fait qu’il n’y a pas de piste cyclable digne de ce nom, les gens conduisent comme des maniaques, voitures, scooters, camions, motos, camionnettes d’artisans, tous à fond. Mais cette année, je peux enfin profiter de mon cadeau : un VTC comme neuf, qui m’emmène (à condition que je pédale un peu) sur les 500 et quelques kilomètres du tour de Bourgogne à vélo.
En plus, je suis partie en laissant à ma remplaçante une comptabilité des stupéfiants impeccable.
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