AVEC ses 19 500 officines de proximité bien réparties et ses 3 000 officines situées dans des zones de grande consommation, notre réseau officinal est une exception en Europe. Pour être cohérent, le comparatif européen pour la répartition des officines par rapport à la population doit porter uniquement sur les pharmacies de proximité, car il n’existe pas en Europe des pharmacies situées dans des galeries commerciales, ceci ramenant la répartition des officines françaises dans la moyenne européenne. La structure de notre système de distribution, avec ces 1 500 hypermarchés, est aussi unique en Europe, 53 % de la consommation se concentrant sur 11 250 points de ventes.
Grâce aux dérogations, les zones de grande consommation disposent de pharmacies qui ont une économie atypique avec un développement basé sur un modèle de distribution grâce à un chaland surdimensionné. Ces pharmacies concentrent les parts de marchés des produits recherchés des consommateurs comme la parapharmacie, les compléments alimentaires, ou bien encore les médicaments d’automédication. Pour l’automédication, le réseau des pharmacies de proximité possède des prix supérieurs à la moyenne nationale, alors que le réseau des pharmacies commerciales a des prix inférieurs de 30 % à cette moyenne. Si l’ouverture du monopole a pu provoquer temporairement une baisse généralisée des prix en Italie, la concurrence entre supermarchés et pharmacies italiennes a conduit à des écarts de prix inférieurs à ceux constatés entre les pharmacies commerciales et celles de proximité françaises. En France l’impact d’une libéralisation sur les prix sera lié à la structure particulière des réseaux pharmacies et commercial.
Pour l’UFC-Que Choisir l’ouverture du monopole permettrait la création de 2 200 points de vente avec la conquête de 10 % de parts de marché par la GMS, soit environ 170 millions d’euros, pour un gain potentiel de 270 millions d’euros pour les consommateurs, avec un scénario où les pharmaciens baisseraient leur marge pour aligner leur prix sur ceux de la grande distribution. Avec les prix actuels, le CA annuel moyen des futurs points de vente atteindrait environ 80 000 euros pour une marge brute inférieure à 25 000 euros, soit environ la moitié d’un salaire de pharmacien. Avant même d’envisager une baisse des prix, la viabilité économique des futurs points de vente est donc clairement mise en question, car si les prix constatés en parapharmacies sont inférieurs de 10 à 20 % à ceux des officines c’est à cause des économies faites sur la qualification du personnel, les parapharmacies Leclerc arrivant ainsi à économiser plus de 15 millions d’euros sur le poste de ses docteurs en pharmacie.
Augmentation des mésusages.
Un tel scénario n’est pas crédible, et si le principal acteur de la grande distribution milite pour l’ouverture du monopole c’est parce qu’il sait très bien que la répartition nationale du marché de l’automédication lui est favorable avec près de 50 % des parts de marché à proximité des seuls hypermarchés, son enseigne disposant ainsi de près 300 millions d’euros de chiffre d’affaires à « portée de caisses », et il faut que l’UFC Que Choisir soit bien naïve pour croire que l’ouverture des futurs points de vente se fasse ailleurs que dans des zones où il y a déjà une pharmacie et où les prix pratiqués sont parmi les plus faibles du réseau. Si la baisse de prix n’est pas au rendez-vous, celle de la baisse de la sécurité sanitaire sera, elle, effective, le passage du médicament comme bien de consommation aboutissant au non-respect des doses d’exonération, comme nous le montre l’ouverture récente des ventes en ligne. La baisse de la dose d’exonération du paracétamol en Angleterre ayant permis d’arrêter la progression des accidents, qui sont au minimum 40 fois supérieurs à la France, il est donc logique de penser que la concurrence entre circuits entraînera de facto un dépassement systématique des doses d’exonération provoquant ainsi une augmentation des accidents. La dynamisation des ventes de médicaments par la publicité entraînant l’adaptation des précautions en fonction des mésusages constatées, l’augmentation de la communication publicitaire due à la libéralisation provoquera une augmentation de ces mésusages.
Contrairement à ce que l’on pense, le risque économique d’une libéralisation sera assumé par les seules officines qui se sont développées grâce à leur dynamisme commercial et leur emplacement, les pharmacies de proximité étant protégées par la faiblesse de leurs parts de marché dans l’automédication. Le glissement des parts de marché des pharmacies commerciales vers les futures structures de la GMS provoquera une diminution de leur fréquentation, vecteur de leur développement, diminution d’autant plus importante que la libéralisation risque de ne pas passer par la case parapharmacie, comme nous le constatons actuellement avec les tests de grossesse.
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