Le chiffre d’affaires hors taxes moyen des officines est à nouveau en baisse en 2014 : de 1,536 million d’euros en 2013 (y compris les prestations de services), il est passé à 1,525 million d’euros l’an dernier, soit une diminution de 0,67 %. Ce nouveau repli de l’activité – le troisième en trois ans de suite – concerne tous les types de pharmacies, à l’exception toutefois des officines de centre commercial qui voient leur chiffre d’affaires moyen progresser de 1,47 %, en raison surtout de leur bonne situation en termes de chalandise.
Mais plus inquiétant encore : la part des officines dont l’activité régresse continue de croître : en 2014, en effet, 61,34 % des pharmacies voient leur chiffre d’affaires baisser (de 3,70 % en moyenne), alors qu’elles n’étaient que 59 % dans ce cas en 2013.
Sans surprise, ce sont les officines situées en zone rurale, en centre-ville et dans les quartiers qui souffrent le plus. « Les petites officines rurales sont particulièrement touchées par la baisse des prescriptions et la diminution du prix des médicaments prescrits, et apparaissent comme les plus vulnérables. Quant aux petites officines situées en centre-ville et dans les quartiers, leur exposition aux enseignes low-cost les fragilise, et leur emplacement dans des zones de faible passage affaiblit leur attractivité », note Philippe Becker, responsable de cette étude chez Fiducial.
Il y a cependant des différences importantes selon la taille des pharmacies : celles dont le chiffre d’affaires est supérieur à la moyenne – et qui sont en association et/ou en centre commercial – limitent davantage la baisse d’activité que les autres. Conséquence : le chiffre d’affaires moyen des pharmacies en association est de 1,759 million d’euros, alors qu’il n’est que de 1,332 million d’euros pour les officines individuelles.
Autre constat encore sur l’activité : l’érosion de la part du médicament remboursable dans le total des ventes. En 2014, cette part représente « seulement » 76,97 % des ventes. En 2010, le médicament remboursable comptait pour presque 80 % dans l’activité totale des officines.
Marge stable.
En ce qui concerne la marge commerciale, cet indicateur reste stable en 2014, avec une moyenne de 28,89 % du chiffre d’affaires hors taxes, contre 28,86 % en 2013. Cette stabilisation vaut pour tous les types d’officines, quelle que soit leur localisation. Mais, comme les années passées, ce sont les pharmacies de centre commercial qui dégagent la plus forte marge, avec une moyenne de 29,27 %.
Toutefois, comme le souligne l’étude de Fiducial, il faut relativiser ce « bon résultat », puisque le taux de marge s’applique à un chiffre d’affaires qui diminue : « la baisse de l’activité fait que la variation de la marge commerciale en valeur absolue entre 2013 et 2014 décroît de 0,8 %, avec un montant moyen de 425 749 euros en 2014 au lieu de 429 137 euros en 2013 ».
Surtout, c’est le complément apporté par la coopération commerciale qui permet à la marge commerciale, en pratique, de limiter sa baisse. Or, cette coopération commerciale, étroitement liée à la politique d’achats des génériques, a encore progressé (de 2 %) en 2014, soit un quasi-doublement depuis 2010. En moyenne, la coopération commerciale s’élève à 36 167 euros en 2014 et le total des prestations de services – dont la coopération commerciale représente 69,75 % - à 51 854 euros.
Les prestations de services représentent ainsi désormais 3,39 % du chiffre d’affaires hors taxes des officines. Autant dire, comme le fait remarquer Fiducial, que la coopération commerciale et les avantages liés aux médicaments génériques font plus que consolider la marge et le revenu des pharmaciens.
À noter : dans l’ensemble des prestations de services, les nouvelles formes de rémunération du pharmacien sont quant à elles encore peu significatives. Par exemple, les primes génériques versées par les CPAM représentent en moyenne 3 259 euros par officine.
Les autres ratios.
Du côté de des charges et de la rentabilité, les chiffres de 2014 sont contrastés, avec des écarts importants selon la taille des pharmacies. Ainsi, les plus petites d’entre elles, avec une rentabilité moyenne qui s’élève à 9,46 % du chiffre d’affaires en 2014 (contre 10,04 % en 2013) sont pénalisées. Pour ces petites structures, le poids des charges est souvent un réel problème. À l’inverse, les très grandes pharmacies, dont le chiffre d’affaires dépasse deux millions d’euros, tirent beaucoup mieux leur épingle du jeu avec une rentabilité moyenne de 11,97 %.
Or, ces grandes officines étant le plus souvent constituées en association, ce sont ces sociétés qui, au total, obtiennent les meilleurs résultats économiques, loin devant les pharmacies exploitées sous forme individuelle. Fiducial cite quelques exemples :
- Le chiffre d’affaires moyen par effectif salarié (hors titulaires et associés) s’élève à 343 000 euros pour les pharmacies en association, contre 306 000 euros pour les officines individuelles, soit une différence de 12 % ;
- Les frais de personnel représentent en moyenne 9,72 % du chiffre d’affaires hors taxes pour les officines en association, mais 11,03 % de ce même chiffre d’affaires pour les officines individuelles ;
- L’excédent brut d’exploitation (EBE) des officines en association est en moyenne de 14,07 %, au lieu de 11,94 % pour les pharmacies individuelles ;
- Le résultat net moyen des officines en association se monte à 12,09 %, au lieu de 10,33 % pour les pharmacies individuelles…
Bref, dans presque tous les cas, les résultats des officines en association sont meilleurs, et, selon Fiducial, ce type de pharmacie apparaît clairement mieux armé pour surmonter les difficultés que connaît actuellement la profession.
Et demain ?
En conclusion, on peut surtout retenir de cette étude l’impact très négatif sur l’économie des officines des économies réalisées sur le médicament remboursable, qui se ressent durement depuis trois ans. L’autre point à souligner est que si les pharmaciens parviennent à maintenir leur marge et leur résultat, c’est, comme les années précédentes, grâce aux avantages liés à la dispensation de médicaments génériques. Comme le relève Philippe Becker, « cette situation ne serait pas si critique si les pharmaciens avaient la certitude que ces avantages seront maintenus à l’avenir ». Or, évidemment, ce n’est pas exactement le cas.
D’autre part, qu’il s’agisse de l’activité, de la marge ou de la santé financière de l’officine, beaucoup dépend désormais de sa localisation et de sa taille. De ce point de vue, « la ruralité paie le prix fort de la désertification médicale, et les petites officines ne parviennent bien souvent plus à couvrir leurs charges et à rémunérer le titulaire. À l’opposé, dès que l’on dépasse un chiffre d’affaires de deux millions d’euros, les perspectives sont meilleures », ajoute encore le Directeur du département Pharmacie de Fiducial.
En tout cas, 2014 a été une année charnière pour les officines puisqu’elle a été la dernière à voir l’application de l’ancienne marge dégressive lissée. Le nouveau système des honoraires à la boîte et des honoraires de dispensation pourra-t-il consolider les résultats des pharmacies en difficulté ? On devrait le savoir rapidement.
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