JEAN-GUY SOUMY est l’auteur d’une vingtaine de romans aux thèmes originaux : après « le Congrès », transposé en film que l’on verra dans quelques mois (une épreuve, en 1685, à Versailles, durant laquelle un mari, accusé d’impuissance, car une union non consommée est alors considérée comme une offense aux saints sacrements du mariage, est sommé d’honorer publiquement son épouse), il nous surprend avec « les Mariés du Purgatoire » (1), qui se situe au Moyen Âge. Trois jours après son mariage, la jeune Mahaut de Belval se tue dans un accident de cheval. Son époux, Foulques, est anéanti car la jeune femme est doublement damnée : non seulement elle l’a aimé avec passion, ce que Dieu ne saurait tolérer, mais elle est morte sans avoir reçu les derniers sacrements. L’Église, heureusement, vient d’officialiser l’existence du purgatoire. Alors, pour s’assurer que sa belle ne souffrira pas en enfer pour l’éternité, Foulques part à la recherche des « voyageurs », ces chrétiens qui se retrouvent en rêve pour combattre des armées de sorcières et de démons et qui croisent les âmes du purgatoire et celles de l’enfer. Mais le désespoir conduit le jeune homme à l’imprudence et il parle de sa quête à un dominicain, éveillant ainsi l’attention de l’Inquisition.
Sainte Thérèse, sainte terrienne.
C’est également au temps de l’Inquisition que nous entraîne Alicia Dujovne Ortiz, romancière argentine installée en France depuis 1978, biographe d’Eva Peron et de Dora Maar, avec « le Monologue de Teresa » (2). Loin des contraintes historiques et religieuses, elle signe une biographie imaginaire qui montre Teresa de Cepeda y Ahumada en sainte profondément terrienne, une folle pour certains mais dont le mysticisme est placé sous le signe du plaisir, de la joie et des amitiés d’exception. L’auteur fait revivre le Siècle d’Or espagnol, celui des grandes expéditions aux Amériques, celui de Charles Quint puis de Philippe II, entre gloire et terreur.
Marie-Madeleine à Vézelay. D’une toute autre texture est « la Parole perdue » (3), signé, sept ans après « la Promesse de l’ange », par Frédéric Lenoir, rédacteur en chef du « Monde des religions », et la romancière et historienne Violette Cabesos, qui renouent ainsi avec le roman à quatre mains. On est là dans un thriller historique et métaphysique, qui se fonde, selon les évangiles apocryphes, sur les seuls mots jamais écrits par le Christ, qu’il aurait tracés sur le sable devant Marie-Madeleine, laquelle les aurait retranscrits avant de mourir. À partir de ce postulat, le récit alterne trois périodes : les débuts du christianisme à Rome, où une petit orpheline chrétienne mémorise la précieuse parole écrite en araméen ; le Moyen Âge à Vézelay, où un moine retrouve, caché dans une statuette, le testament de Marie de Béthanie ; et l’époque moderne, où une archéologue médiéviste tente d’établir la vérité sur les origines controversées du culte de la sainte. Un jeu de pistes érudit.
Jésus destructeur des mythes.
Pour Michel Benoît, docteur en théologie et en pharmacie, auteur en 2006 du thriller devenu un best-seller « le Secret du treizième apôtre », il ne fait plus aucun doute qu’on doit traiter Jésus comme un personnage historique, non comme un dieu. « Dans le silence des oliviers »?(4) s’inscrit dans cette optique, où l’on voit Jésus, la nuit avant son arrestation à Gethsémani, revisiter en pensée les deux années d’itinérance et d’enseignement en Galilée et en Judée, pendant lesquelles il est devenu un prophète à la fois écouté et menacé. Dans ce roman, l’auteur montre que l’univers dans lequel a vécu Jésus était totalement imprégné des mythes que les humains ont inventés pour leur permettre de rêver et d’échapper à l’angoisse de la mort et à la nature hostile, et qui, à l’Antiquité, assuraient son unité culturelle et sociale. Seul le peuple juif rejetait les mythologies, mais sans pour autant proposer de rêve alternatif. L’originalité de Jésus étant que, tout en « désenchantant le monde obscur et mythologique des puissances maléfiques », il l’a « réenchanté » en réhabilitant par ses paraboles le pouvoir de l’imaginaire. Avant que le christianisme ne réintroduise tous les mythes des religions anciennes, qu’il a ainsi supplantées, après les avoir combattues et anéanties, jusqu’à devenir « un mythe qui a réussi ».
(2) Grasset, 365 p., 20 euros.
(3) Albin Michel, 537 p., 22,50 euros.
(4) Albin Michel, 283 p., 19 euros.
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