IL EST tout mignon, le petit Adrien (j’ai changé le prénom, bien sûr, attendez, on a eu le G20, la pluie, les crues, les inondations, les routes coupées, les coups de mer, la boue, on ne va pas en rajouter). Un jean, des Converse, un tee-shirt avec inscription, un sweat-shirt à capuche. Une bonne tête un peu rondouillarde, avec des fossettes de bébé, des yeux clairs, une barbe de quelques jours, des mèches rebelles. On pourrait le prendre pour un adolescent un peu attardé. Je le trouve d’autant plus attendrissant que je pourrais être sa maman, facile. L’année où j’ai eu mon diplôme, quand, avec mes camarades de fac, nous défilions déguisés (moi en Petit Chaperon Rouge qui apportait des ampoules buvables de magnésium à sa grand-mère…) dans tout Montpellier en chantant des chansons paillardes, sa propre maman caressait son ventre tout rond en rêvant du petit garçon qui allait bientôt arriver.
Quelques années plus tard, c’était devenu un étudiant. Il avait choisi d’aller à Marseille pour devenir pharmacien, mais pourquoi pas, après tout, même si ceux qui habitent par ici connaissent bien la vieille « rivalité » bon enfant entre les diplômés de Montpellier et les diplômés de Marseille. C’est nous les meilleurs, bla-bla, non c’est nous, bla-bla… Au fait, et ça n’a rien à voir, vous saviez que la promo 2009/2010 de Marseille, qui s’appelait « Jacques Servier », a été rebaptisée « Promotion Galien » ? Notre petit Adrien, lui, avait déjà fini ses études quelques années auparavant et, ni une ni deux, il avait déjà acheté sa propre pharmacie. Et pas n’importe où, au bord de la Méditerranée, pratiquement les pieds dans l’eau, quoique ces derniers temps, il vaille mieux s’installer un tout petit peu plus loin, et légèrement en hauteur si c’est possible.
Moi je dis bravo, un jeune diplômé qui peut s’installer, direct, je n’en connais pas des masses, en fait, en y réfléchissant bien, je n’en connaissais personnellement aucun. Les plus chanceux, ceux qui avaient un petit capital, et qui ont eu la possibilité de faire une création, sont tous passés d’abord par la case assistant ou par la case associé. Le petit Adrien, en manager décontracté, sans blouse blanche, sans badge, a pris la direction de son entreprise et de son équipe, une préparatrice et une apprentie. Ce tout jeune homme, pendant que les copains de son âge font des virées à Saint-Tropez ou à Monaco, organisent des soirées barbecue sur la plage, vont à des festivals de rock ou à une White Party à La Siesta à Antibes, lui, il s’occupe de la gestion du tiers-payant, des litiges, des factures, de l’URSSAF, de la comptabilité des stupéfiants, de la vérification des remises, peut-être même du ménage…
Les vacances, il essaie de ne pas trop y penser, parce qu’il n’en a pas vraiment les moyens et que son officine est ouverte du lundi au samedi, huit heures par jour. Tout de même il a récemment réussi à organiser une petite escapade de quelques jours avec Chérie, en dénichant une remplaçante enthousiaste et de toute confiance. Qui l’a planté là trois jours avant le départ, sans explication et sans remords. Tss tss.
Il n’y a pas vraiment de morale à cette histoire. Sachez juste que les deux amoureux ont pu partir malgré tout, et que j’en suis très heureuse.
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