POUR la seconde année consécutive, le chiffre d’affaires des pharmacies françaises a globalement reculé en 2013, de 0,63 % en moyenne. Le chiffre d’affaires hors taxes moyen relevé par Fiducial dans son étude annuelle (1) s’établit ainsi à 1 450 000 euros, au lieu de 1 472 000 euros en 2012. Phénomène plus inquiétant encore : les officines dont l’activité recule sont désormais majoritaires (59 %, contre seulement 41 % d’officines qui voient leur chiffre d’affaires progresser en 2013).
« Cette tendance, qui s’amplifie, est due à des facteurs connus : la crise économique, la baisse des prescriptions, la maîtrise des dépenses de santé… Tout cela tend à diminuer régulièrement la part remboursée du prix des médicaments, à limiter les volumes et à réduire les prix unitaires », explique Philippe Becker, directeur du département Pharmacie de Fiducial et responsable de l’étude.
Toutefois, cette tendance générale doit être nuancée selon la typologie des pharmacies. Si les officines rurales sont le plus impactées et souffrent davantage que les autres (- 1,10 % de baisse d’activité en 2013), les officines de quartier et de centre-ville résistent un peu mieux (- 0,76 % et - 0,72 %), tandis que les officines de centres commerciaux, au contraire, voient leur chiffre d’affaires augmenter en moyenne de 2,24 %.
Plus que jamais, les « grosses » pharmacies sont donc mieux armées face à la crise : « dès lors qu’elles réalisent un chiffre d’affaires important, elles ont une proportion plus forte à voir leur activité augmenter », poursuit Philippe Becker. A noter d’ailleurs, comme le montre l’étude de Fiducial, que les officines à chiffre d’affaires élevé sont le plus souvent exploitées en association.
Marge en taux et en valeur.
Du côté de la marge commerciale, les officines augmentent ce ratio, en 2013, de 0,6 %, avec un taux moyen par rapport aux ventes hors taxes de 28,92 %. Dans cette moyenne, ce sont les pharmacies rurales qui réalisent le meilleur score (29,17 %). L’effet générique continue donc de profiter aux pharmaciens et explique en partie cette hausse.
Mais attention, ce résultat est moins bon si l’on examine la marge commerciale en valeur absolue, c’est-à-dire en montant : même si celle-ci s’élève en moyenne à 419 338 euros, elle ne suit pas la même courbe ascendante, depuis deux ans, que la marge en pourcentage du chiffre d’affaires hors taxes. « Mais au moins peut-on se satisfaire que cette marge en euros se stabilise », remarque Philippe Becker.
Autre fait notable en 2013 : la montée en puissance des prestations. La coopération commerciale continue en effet de progresser et se monte en moyenne à 47 102 euros, soit + 4,2 % par rapport à 2012. Bien entendu, ce phénomène a un impact positif sur la rentabilité. La coopération commerciale représente désormais plus de 3 % du chiffre d’affaires hors taxes et devient « une ressource indispensable pour l’équilibre financier de la quasi-totalité des pharmacies françaises », relève l’étude de Fiducial.
En revanche, les nouvelles formes de rémunération du pharmacien ont encore peu de poids, en 2013, dans le total des prestations de services. Selon Fiducial, les primes génériques versées par les CPAM représentent 2 111 euros par officine et les honoraires d’astreinte 2 734 euros.
Des coûts salariaux en hausse.
Du côté des charges d’exploitation, 2013 est dans l’ensemble une année de stabilité, sauf toutefois pour deux postes importants. D’abord pour les frais de personnels : ils augmentent sensiblement pour toutes les catégories d’officines et s’établissent, désormais, à 10,40 % du CA hors taxes (au lieu de 10,03 % en 2012). Mais il faut noter que le chiffre d’affaires des officines étant en baisse, le taux de charges de personnel a tendance à croître mécaniquement.
De même, le poste loyers est en augmentation sensible. Le montant moyen par pharmacie passe de 19 658 euros en 2012 à 20 564 euros en 2013, avec une croissance de plus de 8 % depuis 2011. Un constat qui inquiète Philippe Becker : « Pour certains pharmaciens, ce poste devient insoutenable, notamment en milieu urbain. Certaines pharmacies deviennent même inexploitables et, à terme, invendables, du fait d’un loyer allant jusqu’à 10 % du chiffre d’affaires ».
Au total, la rentabilité des officines, que l’on peut mesurer avec l’excédent brut d’exploitation, se maintient. Cet indicateur est même en légère hausse en 2013 et passe, en moyenne, à 12,45 %, au lieu de 12,19 % en 2012. Ce sont les pharmacies rurales qui ont l’EBE le plus élevé (13,57 %) alors que les officines de centre-ville, à l’inverse, ont un EBE moyen de 11,55 % seulement. Par ailleurs, les pharmacies en association ont une meilleure rentabilité que celles qui sont exploitées sous forme individuelle (EBE de 13,51 % contre 11,38 %). Mais, comme le relève l’étude de Fiducial, « ce maintien de la rentabilité est dû surtout à l’économie du médicament générique, qui donne une bouffée d’oxygène aux officines au travers de la coopération commerciale et des primes génériques sur objectif ».
Comment s’adapter ?
L’étude de Fiducial montre une nouvelle fois que la baisse tendancielle et, semble-t-il, durable, du chiffre d’affaires au comptoir, pose des problèmes économiques cruciaux au réseau officinal. Certes, globalement, la marge commerciale se maintient ou progresse grâce à l’économie du générique, et la coopération commerciale ainsi que les primes sur objectifs permettent de sauver la mise d’un grand nombre d’officines sur le plan financier. Mais, faute d’activité suffisante, trois pharmacies mettent la clé sous la porte chaque semaine, selon les données de l’Ordre. D’autres ont des charges salariales qui menacent à court terme leur rentabilité, et d’autres encore ont un loyer qui devient insupportable pour leur niveau d’activité.
Dans ces conditions, l’étude de Fiducial met en exergue un point incontestable : pour survivre, les officines doivent avoir une taille et un chiffre d’affaires suffisants. Cela passe, notamment, par l’exercice en association. « L’exercice en association, du fait de l’effet de taille et de l’optimisation des frais de personnel, assure une meilleure performance économique globale. Et dans tous les cas, les pharmacies qui sont gérées en association dégagent de meilleurs indicateurs économiques que les officines individuelles », fait remarquer Philippe Becker.
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