LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN.- Votre récente étude sur l’économie des officines en 2013 s’est intéressée au poids et à la composition des prestations de services. Pensez-vous que ce sera le poste le plus important à suivre dans les prochaines années ?
PHILIPPE BECKER.- Probablement oui, compte tenu des évolutions du métier de pharmacien. Aujourd’hui, la notion de chiffre d’affaires recouvre deux activités distinctes : la vente au comptoir de médicaments, de parapharmacie et de dispositif médicaux, et les prestations. Le phénomène des prestations n’est pas nouveau, il existait déjà auparavant, mais il était souvent lié à des activités de location de matériel médical.
Désormais, les prestations sont des activités variées, et c’est pourquoi nous avons voulu mieux cerner les volumes et les évolutions de ce poste.
Mais n’est-ce pas la coopération commerciale qui, surtout, tire vers le haut l’activité de prestations ?
CHRISTIAN NOUVEL.- C’est vrai. La coopération commerciale représente aujourd’hui environ 75 % des prestations. Il faut néanmoins souligner que de nouvelles prestations ou formes de rémunérations émergent : selon notre étude, en 2013, les pharmacies de notre échantillon ont perçu en moyenne 2 111 € d’honoraires « génériques », versés par les caisses d’assurance-maladie. C’est une donnée intéressante qu’il faudra suivre.
Toujours sur ce même registre, les astreintes rapportent en moyenne 2 734 € par pharmacie.
On ne voit rien dans vos données statistiques sur les nouvelles missions comme le suivi des patients sous AVK. Pourquoi ?
PHILIPPE BECKER.- C’est encore trop tôt pour mesurer l’impact de cette rémunération qui a été mise en place récemment. Cela étant précisé, il nous paraît important de mettre en place les outils nécessaires pour suivre l’apport financier de ces nouvelles missions par des comptes spécifiques. Dans l’avenir, ces différents postes de revenus pèseront de plus en plus lourd dans le revenu des pharmacies. Le pharmacien lui-même devra analyser régulièrement ces ressources pour les optimiser.
D’ores et déjà, les prestations au sens large - dont la coopération commerciale - représentent 3,1 % du chiffre d’affaires moyen issu de notre étude et, par conséquent, participent pour près de 25 % à la formation de l’excédent brut d’exploitation (12,45 % du chiffre d’affaires hors taxes). Chacun conviendra que ce n’est pas neutre !
Les récentes réformes qui vont affecter les médicaments génériques auront-elles un impact sur les prestations ?
CHRISTIAN NOUVEL.- Avec de nouvelles règles comme le plafonnement des remises génériques à 40 % du prix fabricant hors taxes, il est possible que les choses évoluent pour la coopération commerciale. Le texte est paru début septembre, et il faut que les laboratoires génériqueurs l’intègrent sur un plan réglementaire et revoient leur offre commerciale. C’est donc une affaire à suivre.
PHILIPPE BECKER.- On peut peut-être dire, toutefois, que l’on a atteint le point haut de la courbe en 2013 concernant la coopération commerciale.
LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN : Il semble que ces prestations de services posent problème en cas de revente de l’officine. En d’autres termes, faut-il en tenir compte ou non dans le chiffre d’affaires lors de la cession ?
PHILIPPE BECKER.- C’est un problème qui est apparu récemment et qui mérite une explication. Lorsqu’on valorise une officine en fonction du chiffre d’affaires, on prend en compte, mécaniquement, les prestations, puisqu’elles font partie intégrante de l’activité. Mais certains considèrent qu’il ne faut pas prendre en compte la coopération car elle s’apparente non pas à une prestation mais à un avantage commercial… Si, en revanche, on fait une approche par la rentabilité, on doit dire que l’excédent brut d’exploitation se trouve optimisé par la coopération commerciale.
C’est donc un nouveau débat ! La précaution à prendre est de vérifier, avant de conclure un acte de cession, ce qui a été compris ou non dans le chiffre d’affaires. Ensuite, les parties doivent s’accorder sur l’intégration ou pas de la coopération commerciale : c’est un élément de négociation.
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