BIEN QUE je travaille dans deux pharmacies à usage intérieur, ainsi que pour l’annexe matériel médical d’un grossiste-répartiteur, il m’arrive, comme tout un chacun, d’avoir besoin de me rendre dans une officine de ville. J’en ignore la raison profonde, mais ça devient toujours un casse-tête. Pas là, on ne peut pas se garer. Pas là, il y a toujours trop de monde. Non, pas celle-là, ils n’ont jamais ce que je demande. Zut, celle-là est fermée à l’heure du déjeuner… et ainsi de suite pendant parfois plusieurs jours, jusqu’à ce que la nécessité me fasse entrer dans la première pharmacie venue. Avec ses bonnes et ses mauvaises surprises.
Dans la dernière en date j’ai eu droit aux deux. C’était un magnifique samedi matin, je me rendais pour la première fois chez un coiffeur dans un quartier où je ne vais jamais d’habitude, et là, sur mon chemin, une pharmacie inconnue de moi, portes automatiques en position « ouvert », et pas de queue en vue, juste deux personnes devant le comptoir. En train de s’occuper d’elles, un très jeune homme en blouse blanche, tout souriant, et un monsieur d’un certain âge, en chemise, et l’air super-renfrogné. Mon regard allait de l’un à l’autre, ils semblaient en être à peu près au même stade de la transaction avec leurs clientes. Sur lequel allais-je tomber ?
Le suspense a été total jusqu’au bout. Joyeux ou Grincheux ? Grincheux ou Joyeux ? J’avais ma carte professionnelle à la main, et je voyais arriver le moment où j’allais devoir la présenter et demander ce médicament listé, référencé comme anti-quelque chose local, et pour lequel je n’avais pas de prescription médicale. Grincheux allait certainement vouloir en savoir plus, qui me l’avait prescrit, et quand, et pourquoi… Son attitude corporelle et son regard ne laissaient aucun doute là-dessus, je n’avais pas intérêt à faire ma maligne. Sa cliente a quitté le comptoir une demi-seconde après celle de Joyeux, qui s’est adressé à moi avec un grand sourire aimable. Ouf. Ce qui n’a pas empêché son patron de me fusiller de sa prunelle sombre, avant de se retirer dans le back-office.
Me sentant mystérieusement coupable de quelque chose (mais quoi ?), j’ai énoncé ce que je désirais à Joyeux. Et lui, non content de ne me demander aucune explication, m’a juste proposé (pour me faire faire des économies ?) le médicament générique. Que j’ai accepté avec un enthousiasme disproportionné, tellement je le trouvais sympa. N’empêche, quand je repasserai par là, et je repasserai par là, car la coiffeuse était au top, pas question de prendre un risque en retournant dans cette pharmacie. Encore une de barrée. Dans la prochaine, qui sait, je tomberai peut-être sur Prof ou Timide ?
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