IL Y AVAIT LONGTEMPS que je n’avais plus eu de longue pause à l’heure du déjeuner. À une certaine époque, j’habitais au centre de Paris et j’allais travailler (métro, RER, bus) dans une lointaine officine de Seine-Saint-Denis. C’était l’hiver, je ne savais pas où aller, je m’abritais tous les jours à midi dans le même restaurant asiatique, en faisant traîner le repas au maximum pour ne pas retourner trop tôt dans la rue à attendre la réouverture de la pharmacie. Pendant mes études, je travaillais tous les étés chez une amie de mes parents dont la pharmacie était en bord de plage. Je mangeais avec la pharmacienne et toute sa famille, dans l’appartement au-dessus de l’officine, puis je faisais la sieste (!) dans une petite chambre fraîche qu’elle me réservait, avant de redescendre préparer du cold-cream codex ou conseiller des produits solaires.
Pendant plus de dix ans, en ne travaillant en général que l’après-midi, j’avais peu souvent des pauses déjeuner, mais, quand j’en avais, je rentrais vite chez moi étendre le linge, vider le lave-vaisselle, et préparer le repas du soir. Ou alors, encore plus amusant, j’allais faire les courses au supermarché. Ma préparatrice actuelle, elle, avant de découvrir qu’elle pouvait suivre des cours de fitness à cette heure-ci, passait l’aspirateur dans sa maison tous les midis… Plus tard, j’ai atterri dans la journée continue. Le bonheur. Commencer tôt, prendre une petite heure pour manger sur place et discuter avec les copines, finir tôt et rentrer tôt, ça m’a changé la vie et ça correspondait parfaitement à mon rythme biologique.
Plus récemment, j’enchaînais une matinée de quatre heures et une après-midi de quatre heures, ailleurs, avec une coupure d’une heure qui me laissait tout juste le temps d’aller d’une ville à une autre et de manger ma salade quotidienne : tomate/jambon/concombre, ou carotte/céleri-rave/œuf dur, ou maquereau/mâche/petit épeautre (la diététicienne m’avait recommandé de manger des protéines à chaque repas)… Mais tout dernièrement, à l’occasion d’un remplacement, je me suis retrouvée, un peu désemparée, avec un trou de trois heures, et l’impossibilité géographique d’en profiter pour rentrer chez moi.
Par bonheur, ça n’a duré que trois jours. Le premier jour, après ma salade pois chiches/thon/poivron, j’ai fait quelques courses et j’ai rendu visite à une vieille copine. Et d’un. Le deuxième jour, après ma salade haricots verts/radis/poulet, je suis allée dans une médiathèque, où j’ai feuilleté des magazines de décoration qui vantaient les vertus du rangement et de la récupération. Et de deux. Le dernier jour, j’avais pris un rendez-vous chez ma coiffeuse préférée (ma nièce), pendant lequel elle a refait ma couleur (le 5.0) et mon carré plongeant. Pas le temps de manger une salade, j’ai croqué dans mon sandwich diététiquement incorrect rillettes/salade verte/cornichons tout en conduisant. Et de trois. Heureusement que ça s’est arrêté là, car je n’ai pas des ressources inépuisables pour occuper mon temps tous les jours entre midi et quinze heures ! Je sais bien qu’il y a encore des tas de pharmacies qui ferment à l’heure du déjeuner, ou encore des pharmacies qui restent ouvertes mais où l’on n’a pas la possibilité de faire des horaires continus. Mais si je peux éviter, tant mieux.
Ce n’est pas que je sois contre les pauses, mais ma préférée reste celle du milieu de l’après-midi, dix minutes pour mettre la bouilloire en route et savourer mon thé Russian Earl Grey avec un Sablé des Prés Bonne-maman… N’est-ce-pas, Babette-la-préparatrice ?
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