INQUIÉTANT. C’est le terme qui revient le plus souvent pour qualifier l’évolution de l’économie des officines. La dernière enquête menée par la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) montre encore une stagnation du chiffre d’affaires, une faible évolution du taux de marge moyen et un revenu courant en baisse (« le Quotidien » du 29 octobre). Pour l’an prochain, la situation ne devrait guère s’améliorer. Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2013 devrait en effet entraîner une perte de marge pour le réseau de 300 à 350 millions d’euros, notamment en raison des baisses de prix annoncées. Pour sortir de l’ornière, la nouvelle convention signée par les syndicats d’officinaux et l’assurance-maladie prévoit l’instauration d’un honoraire de dispensation, permettant de déconnecter en partie la rémunération du prix et des volumes des médicaments remboursables.
Les négociations sur le sujet doivent d’ailleurs commencer cette semaine. Mais la période de transition est difficile, comme l’a souligné la ministre de la Santé lors de la 25e Journée de l’Ordre des pharmaciens (« le Quotidien » du 29 novembre). « Les marges que vous connaissiez il y a encore quelques années, ne sont plus celles d’aujourd’hui, reconnaît Marisol Touraine. Il est important que les règles d’un nouveau contrat avec la profession puissent être définies. C’est pourquoi je souhaite que l’acte de dispensation soit mieux valorisé. »
Les leviers pour réussir.
Mais, en attendant de pouvoir mesurer l’impact de l’honoraire de dispensation et des nouvelles missions rémunérées, les pharmaciens ont besoin de solutions pour maintenir à flot leurs entreprises. La société Smart Pharma Consulting s’est penchée sur la question. Dans une analyse réalisée en novembre*, son président, Jean-Michel Peny, passe au crible différentes solutions pour tenter de défendre l’économie de l’officine. « L’optimisation de la performance économique des officines repose sur trois leviers principaux que les pharmaciens peuvent activer indépendamment : augmenter les revenus par pharmacie, réduire les coûts d’achat et optimiser la gestion de l’officine », explique-t-il. Ainsi, pour améliorer leurs revenus, il recommande aux officinaux de développer leurs ventes en élargissant leur offre de produits « hors médicament » (orthopédie, compléments alimentaires, produits cosmétiques, vétérinaires…), en fidélisant leurs clients et en dynamisant leurs ventes de médicaments non remboursables à travers le conseil et le libre accès. Smart Pharma Consulting note d’ailleurs que les officines ayant un espace libre accès ont en moyenne réalisé sur ce segment un chiffre d’affaires supérieur de 5 % par rapport aux autres officines. Et ce secteur a le vent en poupe car, en dépit d’un contexte économique morose, le marché de la médication officinale a connu une croissance de 2,2 % en 2011. « Il s’agit toutefois d’un regain de dynamisme conjoncturel plus que structurel, lié à l’effet de déremboursements », souligne Jean-Michel Peny.
Autre façon d’améliorer son chiffre d’affaires, les services rémunérés. Le président de Smart Pharma Consulting propose ainsi d’étendre les services aux patients et les partenariats avec les laboratoires ou les maisons de retraite.
Pour diminuer les coûts liés aux achats, il mise sur les génériques (qui sont assortis de meilleures conditions commerciales que les princeps) et sur les achats groupés. Il recommande d’ailleurs de jouer la carte des groupements qui, « outre l’optimisation des achats, apportent à leurs membres des services de nature à augmenter leur chiffre d’affaires ». Obtenir le déplafonnement des remises auprès des pouvoirs publics représenterait également, selon Jean-Michel Peny, un moyen pour les officinaux d’améliorer leur marge brute.
Rationaliser le réseau.
Enfin, dernier levier possible, l’optimisation de la gestion de l’officine. Là encore le président de Smart Pharma Consulting préconise l’adhésion à un groupement. L’intérêt ? Mutualiser les coûts. Ce qui, selon lui, est également possible via la création d’une holding de pharmacie (SPF PL). Mais le décret encadrant ces structures juridiques n’est toujours pas paru… L’amélioration de la gestion des points de vente passe aussi, selon l’étude de Smart Pharma Consulting, par la professionnalisation et la rationalisation de l’officine.
« Le potentiel d’amélioration de la performance des officines est important, mais encore faut-il que les pharmaciens acceptent de redéfinir leur rôle et de se réorganiser », estime Jean-Michel Peny. Et à ses yeux, la réduction du nombre de points de vente, via le regroupement ou la procédure de « cession-destruction » de licence, présente aussi des avantages : augmentation du chiffre d’affaires par officine, amélioration de la rentabilité, baisse de la concurrence dans certaines zones. Pour lui, « la dégradation du contexte économique et l’évolution démographique rendent nécessaire la réorganisation du tissu officinal ». Dans son intervention à la journée de l’Ordre, la ministre de la Santé a également évoqué la nécessaire rationalisation du réseau. Tout en défendant l’idée d’un maillage territorial dense, Marisol Touraine a en effet expliqué que « le gouvernement soutient pleinement la définition d’objectifs partagés sur l’évolution du réseau officinal, qui devra faire l’objet d’une négociation avec l’assurance-maladie », comme le prévoit la nouvelle convention. Quoi qu’il en soit, conclut Jean-Michel Peny, « le contexte économique va forcer le pharmacien à mieux valoriser ses compétences d’acteur de santé publique et, de ce fait, à développer davantage de services ».
Retrouvez l’extrait de l’analyse de Jean-Michel Peny sur Quotipharm.com et le rapport complet (sur commande) sur le site http://www.smart-pharma.com/bookstore/
Insolite
Épiler ou pas ?
La Pharmacie du Marché
Un comportement suspect
La Pharmacie du Marché
Le temps de la solidarité
Insolite
Rouge à lèvres d'occasion