« JE SUIS pharmacienne défroquée, mais toujours apothicaire », souligne Christiane Tixier, devenue chocolatologue. De ses études de pharmacie et de sa spécialisation « industrie pharmaceutique », elle conserve une passion pour la botanique, la réalisation de préparations magistrales et un net penchant pour l’investigation. Alors qu’elle était encore loin de tomber dans la marmite de chocolat - « j’avais plutôt un bec salé », raconte-t-elle -, Christiane Tixier crée une officine, en 1977, à Montricoux (Tarn-et-Garonne), qu’elle cédera quinze ans plus tard. « L’ambiance était très chaleureuse et je rentrais souvent dans l’intimité des gens, se souvient Christiane Tixier. Je regrette ce côté relations humaines de l’officine mais certainement pas le côté administratif et commercial », précise cette passionnée de botanique qui passait alors des nuits à identifier les champignons. « Je réalisais également de nombreuses préparations, des pommades maison, des tisanes. J’ai toujours aimé la relation des hommes aux plantes qui passe par la biochimie, la pharmacologie et la toxicologie. Je n’ai jamais renié ce qui me plaisait dans mes études, affirme-t-elle. C’est ensuite le cacao qui m’a ramené à mes premières amours d’étudiante. »
Revenue à Toulouse, elle devient membre, puis présidente du Club du chocolat, par « un hasard amical ». « Le chocolat est ensuite devenu un terrain d’exploration, à la fois sous l’aspect culturel et sous l’aspect scientifique, pour son côté nutritionnel et neurosensoriel, mais aussi pour l’aspect plaisir et dégustation, car avant de passer dans l’estomac, le chocolat passe par le cerveau et fait appel à nos cinq sens et à notre imaginaire. »
La nourriture des dieux.
Elle devient alors chocolatologue, selon l’expression créée par un de ses confrères, donne des conférences, lance l’Université du chocolat au sein de l’Institut d’études supérieures des arts (IESA) à Paris et écrit un ouvrage* sur cet aliment qui, rappelle-t-elle, était « la nourriture des dieux chez les Mayas et a conquis l’Europe en transitant par l’officine des apothicaires » !
« Dans la consommation de chocolat, il y a un avant, un pendant et un après. Avant, le chocolat représente l’envie, la gourmandise. Il suffit d’ouvrir une boîte de chocolat pour être séduit par ses arômes si particuliers. Pendant, il croque, il fond dans la bouche et c’est une explosion de saveurs et d’arômes. Il déclenche alors d’autres sensations et émotions », souligne Christiane Tixier. Cette spécialiste, dont la crédibilité est souvent reliée à son métier de pharmacienne, approfondit également ses recherches sur « l’après », le côté nutrition et santé.
« Le beurre de cacao, explique-t-elle, contient des acides gras à dominante insaturée qui ne provoque donc pas d’athérosclérose et ne favorise pas le cholestérol. Le chocolat a en outre de nombreuses propriétés intéressantes. Cocktail de vitamines du groupe B et d’oligo-éléments (essentiellement magnésium et potassium), il contient des stimulants tels que la caféine et la théobromine et des substances contre les coups de blues et la déprime comme la phényléthylamine qui agit sur les mêmes récepteurs que les amphétamines. Il contient aussi du tryptophane, précurseur de la sérotonine. » Certes, les dosages sont faibles. Du fait de sa richesse en polyphénols, il a, en outre, un effet antivieillissement et antioxydant ainsi qu’un aspect hypotenseur et préventif des maladies cardio-vasculaires. « Sous cet aspect, il s’agit plus d’un complément alimentaire, qui ne remplacera jamais un médicament. Mais, il vaut mieux se faire plaisir avec du chocolat que d’avaler ces substances sous forme de gélules », estime Christiane Tixier.
Après ces recherches sur le chocolat qui lui ont permis de conjuguer ainsi plusieurs centres d’intérêts dont un net penchant pour les civilisations précolombiennes, Christiane Tixier a trouvé un nouveau terrain d’investigation avec les épices qui ont de nombreuses propriétés médicinales et les plantes utilisées par les Aztèques et les Mayas. « Le chocolat et certaines plantes, étaient réservés aux élites, en raison de pouvoirs dopants, énergisants, et modificateurs de conscience. En passant du langage aztèque à l’espagnol, puis au latin, il est possible de découvrir cette pharmacopée. La nature est la première source de principes actifs de la recherche d’hier mais aussi de demain », rappelle Christiane Tixier qui vient de lancer une « Université des épices ». De la pharmacie au chocolat et aux épices, il n’y a qu’un pas !
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